13 Août 1807

About This Publication

This issue gives a sense of the northern Haitian government’s growing interest in world affairs (and ostensibly that of the Haitian people as well), as there is news from and/or about the United States, England, France, Germany, and Russia. The final article contains a letter to the Haitian people from Henry Christophe, having been transcribed by Rouanez, jeune, listed as the Secretary of State.

*Provenance: British Library

(  N u m é r o   15.  )

                                                                                                                                                           

GAZETTE OFFICIELLE

d e

L’ É T A T   D ’ H A Y T I,

Du  J e u d i   13  Août  1807 , l’an quatrième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                              

 

N O U V E L L E S  D I V E R S E S.

  Extrait de la Gazette de Baltimore The

Evening Post , du 29 Juin 1807.

Pa r  suite de la notification faite ce matin au public , les citoyens de la ville de Baltimore se sont assemblés à la maison de ville à midi , à l’effet d’exprimer leur sentiment à l’égard de l’outrage fait à notre pavillon devant le Cap de Virginie.

L’assemblée a été beaucoup plus nombreuse qu’elle n’a jamais été.

Le général Smith ouvrit la séance par un discours convenable au sujet , et en recommandant , dans les termes les plus forts , une détermination ferme ; mais qui ne tînt point de l’effervescence.

Le général Smith fut de suite nommé président , et John Isebben secrétaire.

Sur une motion , les personnes suivantes ont été choisies pour former un comité , à l’effet de prendre des résolutions expressives du sentiment du peuple.

A. M’kein , S. Sterett , R. Gilmor , J. Stephon , J. M. M’calloug , T. M. Elderry , J. Calhoun ; lesquels s’étant retirés un moment , ont rapporté les résolutions suivantes :

Resolu à l’unanimité , que nous voyons avec indignation et horreur , l’attaque faite injustement par le vaisseau anglais le Léopard , contre la frégate la Chesapeake , dans laquelle plusieurs de nos concitoyens ont été tués ou blessés , et notre gouvernement insulté.

Résolu à l’unanimité , que nous mettons une entière confiance dans la sagesse et dans la fermeté du gouvernement , pour obtenir satisfaction d’un outrage aussi hardi , qu’injurieux à l’honneur et à la dignité de notre pays.

Résolu à l’unanimité , que nous soutiendrons le gouvernement de nos vies et de nos fortunes , dans toutes les mesures qu’il pourra adopter dans la circonstance présente , afin d’obtenir justice et satisfaction de l’outrage précité.

Résolu à l’unanimité , que jusqu’à ce que la décision du gouvernement nous soit connue , nous regarderons avec horreur et avec mépris toute personne qui encouragera  la conduite outrageante ci-dessus mentionnée , soit en entretenant avec les bâtimens de guerre anglais , maintenant sur nos côtes , des correspondances , soit en les favorisant.

Résolu à l’unanimité , que nous approuvons hautement la conduite patriotique

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et énergique de nos concitoyens de Norfolk et Portsmouth.

Résolu à l’unanimité , que le membres plus haut désignés formeront un comité , dont les fonctions seront d’expédier des copies des présentes résolutions au Président des Etats – Unis , au Gouverneur de Maryland , et de correspondre avec les comités que pourront nommer les autres villes des Etats-Unis , à ce sujet.

Résolu que les démarches de cette assemblée seront publiées dans les Gazettes de cette Ville , pour que nos concitoyens en soyent informés.

De Londres , le 17 Mai.

Les Etats de Barbarie ont déclaré la guerre contre la Grande – Bretagne ; déjà plusieurs de leurs corsaires croisent dans la Méditerranée.

Les deux grandes armées des alliés viennent d’être organisées de la manière suivante :

L’armée du centre est commandée par le général russe Bennigsen , commandant en chef , où l’Empereur de Russie a établi son quartier général ; le général Blucher , qui avait été dernièrement échangé , et qui s’était si bien défendu après la bataille de Jena , commande l’armée de droite ; le Roi de Prusse y a établi son quartier général.

L’armée de gauche est sous les ordres du général russe Ruchell ( vu l’indisposition du général Von Essen ) le prince Constantin y est.

L’armée de droite des français est commandée par le maréchal Massena ; celle du centre , par le prince Murat ; celle de gauche , par le maréchal Bernadotte ; l’Empereur surveillera le tout.

D’Ausberg , le 22 Avril.

Nous venons d’apprendre que les russes ont fait un attaque sur l’île de Candie ; mais qu’ils en ont été repoussés.

Le Grand Seigneur a juré , sur l’alcoran , de mourir plutôt que d’abandonner son frère Napoléon ; il a ordonné à tous ses vassaux de déclarer la guerre à l’Angleterre , et de confisquer toutes les propriétés de cette nation ; déjà on en a confisqué pour environ 80 millions à Smirne et Salonie.

Du 27  L’armée française qui avait été destinée pour agir de concert avec les turcs, vient changer de destination ; les divisions Molidor et Boudet , forte de 35 mille hommes, doivent joindre la grande armée en Pologne ; le général Hector en a apporté l’ordre ; et hier le général Boudet et sa suite sont arrivés avec le 56e régiment , en 14 jours , de Verone. Depuis le 84e est arrivé , et d’autres sont attendus.

De Constantinople , le premier Avril.

      Les troupes asiatiques , fortes de 60 mille hommes , sont en marche pour le Danube ; les janissaires de cette garnison sont partis pour aller joindre cette armée.

Comme les Dardanelles seront bientôt en état de défense , cela dissipera toute crainte pour la capitale ; la flotte ottomane passera dans la mer Noire , pour prendre l’offensive contre les russes.

D’Elbe , le 24 Mai.

Des lettres de Vienne disent que la flotte anglaise a encore passé les Dardanelles.

De Berlin , le premier Mai.

      Quatre – vingt mille hom. sont attendus pour renforcer la grande armée.

De Baltimore , le 29 Juin.

Nous apprenons que la division anglaise qui croise devant le Cap Virginie , a envoyé un message à Norfolk , pour obtenir la permission de faire de l’eau , en remplacement de deux cens barriques qu’on leur a brisées , avec la menace , en cas de refus , de bombarder la ville. Les citoyens de cette ville ( à ce que l’on dit ) ont répondu qu’ils étaient préparés à voir effectuer la menace , plutôt que de donner aucun secours aux ennemis de leur pays.

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E T A T   D ’ H A Y T I.

                                   

P R O C L A M A T I O N.

                                                           

Le voilà donc consommé cet œuvre d’iniquité , dont les funestes effets devaient , en ébranlant les fondemens de ce nouvel Etat , renverser le successeur naturel et légitime sur le débris de toutes constitutions sociales ! Pétion , l’infâme Pétion , digne restaurateur d’une faction liberticide , a donc fait retenir de nouveau , ces climats infortunés , du bruit de ses attentats politiques ! Ce que douze années de souffrances et de privations n’ont pu effectuer , un ambitieux scélérat , engraissé des sueurs d’un peuple trop crédule , avide de vos dépouilles , et qui ne tend qu’à vous asservir , a eu l’audace de l’entreprendre jusques sous vos yeux. A l’œil dont il dévore vos propriétés , aux forfaits qui précèdent toujours ses pas , à la lâcheté qui accompagne ses démarches , ne reconnaissez-vous pas l’élève , l’émule d’un tyran comme lui , du traître Rigaud ?

Militaires de tout grade , ralliés sous l’étendard de l’Autorité légitime , pressez-vous autour de votre Chef qui vous rappelle au sentiment de votre propre dignité et au souvenir de vos trophées ; que faut-il de plus pour enflammer vos généreux courages ? Attendez – vous qu’une horde de brigands , portant une main sacrilège sur vos femmes , vos enfans et vos frères , se dispute le barbare plaisir de vous donner des fers ? Des fers !…. Ah ! ce seul mot vous rend votre antique vertu ! Oui , vous êtes les descendans de ces héros qui ont scellé de leur sang , aux Champs-de-Mars , le triomphe de la liberté ! Vous êtes toujours ces mêmes guerriers , qui , abandonnés de la nature entière , trahis par le sort et les circonstances , avec le seul secours de votre valeur , les seules ressources d’une patience courageuse , avez jusqu’ici résisté victorieusement contre toutes sortes d’agressions. Hé bien ! de nouveaux succès vous appellent , votre chef est avec vous ; il va vous guider.

Vous , petite portion de militaires , qui , séduits par les artifices d’un infâme caméléon , ne rougissez pas de marcher sous les enseignes de ce traître ! Jusques à quand languirez-vous dans un stupide aveuglement ? Quoi ? vous dormez sur des brasiers artistement couverts , et vous ne craignez pas que des feux , tout-à-coup élancés de ce gouffre , ne vous embrasent ? Réveillez-vous , enfans , à la voix d’un chef et d’un père qui vous crie : compagnons infortunés ! que faites-vous ? Où vous entraîne une aveugle fureur ? parce que de cruels ennemis ont perverti vos notions sur ce que vous devez à votre patrie , n’existe-t-elle plus dans votre cœur ? parce que ces fourbes ont voulu  vous éloigner de moi , ne suis-je plus votre père ? Pourquoi plonger dans notre sein vos bras désespérés ? Ah ! sortez de cet endurcissement ; témoins de la glorieuse campagne que je viens de terminer , vous avez vu le scélérat , le lâche Pétion , épiant soigneusement mes mouvemens , éviter sans cesse de combattre de pied ferme , refuser constamment de se montrer de front devant moi , et se livrer à une fuite déshonorante. Seize ans de trames et de perfidies , pendant lesquels il a développé son odieux caractère , en se jouant , tour à tour , et de son propre parti et du gouverneur général Toussaint Louverture et du gouvernement français , doivent vous avoir suffisamment appris que le grand art qu’il possède , est celui de diviser et de tromper ; et il est impossible de ne pas s’appercevoir que sa rébellion est la réaction du système du roi Rigaud , auquel il voudrait succéder ; mais ses projets seront confondus. Du pied lorsque j’aurai frappé la terre , ce vil intrigant , ses complices et ses satellites fuiront , devant mes troupes victorieuses , de villes en villes , de forteresses en forteresses , comme

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ont fui , à l’époque de la première ligue , le traître Rigaud et ses partisans ; des milliers de bras vengeurs de l’autorité légitime feront disparaître , pour jamais , de l’île , cette faction impie , avec ses abominables auteurs. Ne tardez donc pas , militaires égarés , à rompre vos indignes entraves , si vous ne voulez pas être enveloppés dans le terrible anathème que j’ai lancé contre eux ; fuyez l’air contagieux que vous respirez ; volez avec confiance dans le sein de votre chef , tout est pardonné : Christophe vous en conjure , l’honneur vous le prescrit , la nature vous réclame , et la patrie n’aura pas en vain fait un appel à ses enfans.

Et vous , négocians des Etats – Unis d’Amérique , dont j’ambitionne l’estime , et qui ne sauriez , sans être injustes , ne pas rendre hommage à la loyauté et aux généreux traitemens que vous avez éprouvés sous mon administration ! Serait-il bien possible que des écrits mensongers , colportés chez vous par des compatriotes perfides , et imprimés , par leurs soins , dans vos journaux , pussent donner le change à votre opinion et surprendre votre religion sur les événemens qui se passent en ce pays ? Quelle confiance pourriez-vous avoir en ce banqueroutier frauduleux , en cet aventurier nommé Lewis , qui s’est déshonore , autant par sa faillite à New-York , que par le tort qu’il a fait au gouvernement haïtien , en partant furtivement de la rade du Port-au-Prince , sans avoir satisfait aux frais d’exportations ? A l’appui de ce fait , le Décret impérial du premier Aoùt 1805 , dont il a provoqué l’émission. Le moyen de s’en reposer sur la foi de ce contrebandier , qui , au mépris de la neutralité de sa nation et du droit des gens , non-seulement fournit des munitions et des approvisionnemens de guerre à des révoltés , mais même a transporté , à bord de son trois mât armé , la Louisiana , des troupes de débarquement pour surprendre la ville des Gonaïves ? Un être aussi taré , aussi vénal que Jacob Lewis , n’est pas plus fait cependant pour faire sensation dans l’esprit des hommes pensans et raisonnables , que ne le sont ses deux collaborateurs , les nommés Kane et Widsor , qui ont également prêté leurs bâtimens aux révoltés , témoin M. Tremes , qui , se trouvant aux Gonaïves , a reconnu que ces bâtimens leur appartenaient. Ces trois larrons en foire , sacrifiant tout à leur passion mercenaire , s’enrichissent de pillages et de rapines par-tout où ils se transportent ; et pour le vil appât de l’or , se sont chargés du soin de débiter et de faire circuler dans les îles voisines , les productions perfides et falsifiées que fabriquent le révolté Pétion et ses infâmes adhérens. Il n’y a même pas de doute que l’astucieux Jacob Lewis , qui a reçu à son bord les sommes que le rebelle Pétion lui a confiées pour assurer son existence dans les pays étrangers , lorsque j’aurai rendu son émigration nécessaire et celle de ses complices , ne fasse , de ce même dépôt , le même usage qu’il a fait des deniers à lui confiés par ses compatriotes à New-York. Honnêtes négocians de cette place , qui vous êtes rendus si recommandables par la réputation de probité et d’honneur dont vous jouissez ! je partage sincèrement votre affliction , je déplore avec vous la fatalité du sort qui a voulu que ces trois intrigans fussent nés dans votre ville , dont une si grande quantité de négocians respectables font le plus bel ornement. Tels sont les excès auxquels ces francs escogriffes se sont portés dans cette île , que je n’ai pu m’empêcher de les signaler à vous et autres commerçans des Etat-Unis d’Amérique ; mais je suis bien éloigné de rejeter sur tout un peuple estimable et industrieux , les fautes de quelques renégats , et je me flatte que les nouveaux plans que je viens d’adopter pour rendre vos relations commerciales avec cet Etat plus amicales et plus lucratives , vont établir entre nous des rapports suivis et également satisfaisans pour les deux parties contractantes.

Donné au palais du Cap , le 23 Juin 1807 , l’an quatre de l’indépendance.

H E N R Y   C H R I S T O P H E.

Par le président ,

R o u a n e z  jeune , secrétaire d’Etat.

                                                           

V  A  R  I  É  T  É  S.

Pourquoi , disait Daumec à Trichet le luron ,

Mon œil , par fois , s’abuse et voit un objet double?

Cette incommodité , répondit le larron ,

Est ordinaire à ceux qui pèchent en eau trouble.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez  P.  R o u x , imprimeur de l’Etat.

6 Août 180720 Août 1807

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