14 Mai 1807

About This Publication

This second issue of the Gazette Officielle announces that the price of subscription is twelve gourdes per year or alternatively one and a half gourdes per month. Importantly, this issue contains an address of Henry Christophe to the people of Hayti, dated 2 November 1806, in which he ostensibly explains why he refused to submit to the authority of the new government set up in Port-au-Prince after the assassination of Dessalines, and for which he was named as provisory president.

*Provenance: British Library

(  N u m é r o   2.  )

                                                                                                                                                           

GAZETTE OFFICIELLE

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L’ É T A T   D ’ H A Y T I,

Du  J e u d i   14  Mai  1807 , l’an quatrième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                        

A  V  I  S.

On pourra s’abonner chez M. Juste Hugonin , rues Neuve et Saint-Laurent , Numéro 50.

Le prix de l’Abonnement est de douze Gourdes par an ; on ne souscrit pas pour moins de quatre mois , payables d’avance , ou une Gourde et demie par mois.

                                                                                                           

Ce fut , n’en doutons pas , le vil amour de l’or ( auri sacra fames ) qui a mis en action , sur le théâtre du monde , tous les maux sortis de la boîte de Pandore. C’est la soif inextinguible des richesses qui a appris aux Européens à fabriquer ces chefs-d’œuvres flottans , sur les ailes desquels ils ont volé vers le nouveau monde , pour en faire disparaître les peuplades indigènes vers les bords africains , pour y étendre au loin ce voile funèbre que vient heureusement de déchirer la philanthropie anglaise ; c’est enfin ce délire universel , dont l’aveugle fureur entraîne insensiblement tous les établissemens, tant anciens que modernes , vers une ruine inévitable. Sans les mines fécondes du Potose et du Chili , sources inépuisables des fléaux qui ravagent la terre , on verrait se réaliser les précieuses rêveries de tant de génies inspirés pour la cause de l’humanité ; et ces augustes noms si souvent répétés de liberté , d’indépendance , de droits des nations et des gens , de paix générale et universelle frapperaient d’une manière plus flatteuse des oreilles moins accoutumées au son d’un métal corrupteur.

                                                                                                                                                           

L  O  N  D  R  E  S.

P A R L E M E N T   I M P E R I A L.

C  h  a  m  b  r  e    d  e  s    P  a  i  r  s.

Séance du 23 Janvier.

S. A. R. le duc Clarence a présenté plusieurs pétitions contre le bill concernant l’abolition de la Traite des Nègres. Mises sur le bureau.

Séance du 29 Janvier.

Le lord Chancelier a mis sur le bureau les copies des communications qui ont eu lieu avec le Gouvernement français au sujet du commerce des esclaves. L’impression en a été ordonnée.

Séance du 2 Février.

C o m m e r c e   d e s   E s c l a v e s.

Sur la motion de lord Grenville , la seconde lecture du bill concernant l’abo-

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lition de ce commerce , a été remise à mercredi prochain.

Une pétition préséntée par lord Westmoreland , de la part des négocians de Londres , intéressés au commerce des Indes orientales , a été déposée sur le bureau.

C h a m b r e   d e s   C o m m u n e s.

Séance du 29 Janvier.

Abolition  du  Commerce  des  Esclaves.

M. Wilberforce a demandé la lecture de la résolution adoptée par la Chambre , le 9 Mai dernier , au sujet de la Traite des Nègres. Il pensait que s’il n’avait pas été pris de mesures ultérieures , c’était sans doute parce que la Chambre des Pairs s’en occupait actuellement. Il a déclaré que si cet objet y éprouvait des délais , lui ou un de ses amis proposerait à la Chambre de nouvelles résolutions.

Lord Howick ne croyait pas qu’il fût conforme aux règles de procéder sur un sujet sur lequel la Chambre haute s’occupait de passer un bill ; il désirait lui- même que la Chambre pût bientôt concourir à l’abolition d’un commerce qu’elle avait déjà déclaré contraire aux lois de l’humanité et de la justice. Cette déclaration était un leg [sic] sacré qui lui avait été laissé par le dernier parlement , et dont elle était engagée à faire usage.

C h a m b r e   d e s   P a i r s.

Séance du 4 Février.

L’ordre du jour appelait la seconde lecture du bill concernant l’abolition du commerce des esclaves.

Les conseils des pétitionnaires contre le bill ont été appelés et entendus successivement ; et M. Alexander , qui a parlé à l’appui de la pétition présentée par les négociants et armateurs  de Liverpool ayant proposé de produire des témoins pour prouver le tort que le bill ferait à la navigation et au commerce de cette ville , s’il passait ; lord Grenville s’y est opposé , sur le fondement que depuis vingt ans que ce sujet avait été soumis à la Chambre , elle avait eu sous les yeux tous les renseignemens qu’elle pouvait désirer. Le commerce des esclaves ne se faisant , dans l’état actuel du monde , que par des vaisseaux anglais , il ne pouvait jamais se trouver une plus belle occasion de l’abolir ; et l’obligation où étaient Leurs Seigneuries d’y mettre fin , en devenait d’autant plus urgente.

A mesure que les conseils ont été appelés, il y a eu quelques observations sur l’inutilité d’entendre des temoins , de la part des lords Grenville , Holland et Grosvenor, d’autre part ; et des lords Hawkesbury et Eldon , de l’autre. Dans le cours de la discussion préliminaire , relative à la pétition présentée par les habitans de l’île de la Trinidad , S. A. R. le duc de Clarence a demandé par quelle autorisation il avait été importé un grand nombre de Chinois dans cette île ?

Lord Grenville ne savait pas comment ils y avaient été introduits.

Lord Buckinghamshire a dit que cette importation s’était faite pendant qu’il était Secrétaire d’ Etat , et qu’il l’avait autorisée.

Le duc de Clarence a annoncé alors que demain il ferait une motion au sujet de ces Chinois.

La seconde lecture du bill a été remise à demain , et lord Grenville a observé que l’intention de tous ceux qui opinaient en faveur de l’abolition , était que la question fût alors amplement discutée. Ajourné.

Séance du 5 Février.

L’ordre du jour concernant la seconde lecture du bill portant abolition du commerce des esclaves , a été lu.

Lord Grenville a prononcé un discours très-éloquent , qui a duré prés de trois heures , et dans lequel il a déduit toutes les raisons qui militent en faveur de l’abolition de la traite des nègres.

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S. A. R. le duc de Gloucester , les lords Holland , Suffolk , Rosslyn , Selkirk , Northesk , Moira , et l’évêque de Durham , ont parlé en faveur du bill , et ont soutenu que le commerce des esclaves était contraire aux principes de la religion , de l’humanité et de la politique.

S. A. R. le duc de Clarence , et les lords Saint-Vincent , Sidmouth , Hawkesbury , Eldon , Morton et Westmoreland , se sont opposés à la seconde lecture , et ont soutenu que si ce commerce était abandonné par l’Angleterre , d’autres pays s’en empareraient , et qu’ainsi la religion , la politique ni l’humanité n’y gagneraient rien ; et d’ailleurs que la mesure de l’abolition n’améliorerait pas le sort des esclaves qui sont maintenant dans nos colonies , et serait dangereuse dans ses effets à l’égard de notre système colonial.

Nous donnerons , dans notre prochain numéro , la substance des principaux discours prononcés dans ce débat , qui s’est prolongé jusqu’à cinq heures du matin.

La question a été alors aux voix ; il y a en division , et le nombre des votes a été , pour la seconde lecture , 100 contre 36 ; majorité 64.

Le bill a été lu pour la seconde fois , et il a été arrêté qu’il serait examiné en comité demain. Ajourné.

                                                                                                           

Une malle arrivée de la Jamaïque à Falmouth en 47 jours de traversée , a apporté les nouvelles suivantes.

La frégate la Blanche est entrée hier à Portsmouth , avec un bâtiment de transport qu’elle a pris à l’embouchure de la Garonne , et à bord duquel étaient les  Officiers de la frégate française la Valeureuse , qui s’en retournaient en France , en conséquence de ce que cette frégate avait été condamnée en Amérique. La Blanche a apporté une nouvelle trop extraordinaire , pour que nous n’en fassions pas mention ; elle a fait beaucoup de sensation à Portsmouth. On dit que le commandant d’un de nos vaisseaux de guerre , en station devant Rochefort , a reçu un message du commandant de ce port , qui annonçait que Bonaparte avait été récemment battu par les russes , et qu’il avait en beaucoup de peine à se retirer de Varsovie vers Posen. On ajoute que sur les côtes de France même , la nouvelle de la défaite de Napoléon , avait été reçue avec joie.

Des lettres de Portsmouth , reçues ce matin , contiennent ces détails ; c’est tout ce que nous pouvons assurer.

Nous apprenons par le capit. Nelson , qui est arrivé de la Havanne à New-York qu’il est entré à la Trinidad , dans l’île de Cuba , un paquet-bot espagnol , qui y a porté la nouvelle que les deux Florides avaient été cédées par l’Espagne à la France , et ensuite par la France aux Etats-Unis ; et que l’île de Cuba avait été cédée à la France par l’Espagne , à condition que le roi de Naples serait rétabli sur son trône.

On assure aussi qu’en conséquence de la cession de Cuba à la France , le gouverneur de la Havanne a proposé au gouvernement de la Jamaïque ( ce qui a été communiqué ici par la voie de la Nouvelle Providence ) de remettre immédiatement aux anglais, s’ils envoyent une force suffisante , l’île de Cuba , et tous les vaisseaux éspagnols et anglais , de toute espèce , qui sont dans les divers ports , baies etc. de cet cette colonie.

                                                                                                                                                           

E T A T   D ’ H A Y T I

                                               

A  D  R  E  S  S  E

a u

P E U P L E  ET  A  L’A R M É E

L’événement qui vient de vous rendre à un sort plus digne de vos sacrifices et de vos travaux, qui , en détruisant l’arbitraire dont vous aviez à vous plaindre ,

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vous prépare un avenir heureux , doit être le nœud indissoluble de notre union et le rempart de notre félicité. C’est n’avoir rien fait que de détruire une mauvaise administration sans lui en substituer une meilleure , et sans se garder des désordres de l’anarchie , trop facile à se glisser dans la transition politique d’un régime à un autre. Souvenez – vous que le Gouvernement qui va désormais garantir vos droits et assurer le prix de vos privations , demande de vous l’obéissance , le maintien exact de l’ordre et de l’union , le respect à vos Chefs , l’observation de la discipline militaire et l’exécution des lois ; voilà les conditions sans lesquelles il lui est impossible de faire un pas dans la nouvelle carrière qui vient de lui être ouverte.

Vous , Militaires de tous grades , qui depuis quatre ans n’avez cessé de soutenir , sous des Chefs distingués , l’honneur des drapeaux d’Haïti , voudriez-vous perdre en un jour et votre réputation et la récompense qui vous est destinée ? Voudriez-vous renverser sur vos propres têtes l’edifice de notre indépendance et de notre liberté , et nous exposer , par sa chute , à l’ironie des nations ? Avez-vous oublié les préceptes de cette discipline qui a fait distinguer , même par nos ennemis , votre bravoure ? Souvenez – vous que le soldat n’est pas digne de ce nom , lorsqu’il s’ecarte du sentier de ses devoirs ? Souvenez-vous que la sûreté de l’Etat , celle de vos familles , des citoyens et des propriétés , dépendent de votre obéissance à vos Chefs. Le Gouvernement a les yeux ouverts sur vous ; il sait qu’elles ont été vos privations ; il s’occupe à chaque instant de pourvoir d’avance aux moyens d’assurer votre équipement , votre paye et votre existence. Ne détruisez donc pas vous-mêmes les soins qu’il consacre à assurer votre sort.

Vous , Cultivateurs et Habitans , dont les bras laborieux soutiennent les bases du Gouvernement , votre bonheur est dans vos travaux , votre richesse est le produit de votre culture; sans l’ordre le plus exact , sans une tranquillité parfaite , vous perdrez tout le fruit de vos sueurs. Votre bonheur et celui de votre famille occupent le Gouvernement ; il ne cesse de travailler pour vous donner des règlemens , dont la sagesse va vous garantir la jouissance du produit de votre travail et assurer l’aisance dans le sein de vos familles. La régularité de votre conduite est essentiellement nécessaire pour assurer les effets de la bienfaisante sollicitude du Gouvernement à votre égard.

Militaires de toutes armes , habitans de tous états , pénétrez-vous bien de la nécessité d’une rigoureuse obéissance aux lois ; s’il est au milieu de vous des agitateurs , des stipendiés de nos ennemis , des traîtres , qui chercheraient à détruire vos principes , sachez les connaître ; mettez le Gouvernement à même de détruire les pernicieux effets de leurs perfides insinuations ; confiez sans détour , à vos chefs , avec la franchise du véritable haïtien , leurs suggestions astucieuses ;

gravez dans vos ames l’amour de votre patrie , celui de l’ordre s’imprimez-y , en caractères ineffaçables , que le Gouvernement veut le maintien de la plus parfaite union , et le sacrifice de toute haine , de toute ambition , de tout esprit de parti , et n’a d’autre but que le salut de l’Etat.

Donné au Cap , le 2 Novembre 1806 , l’an trois de l’indépendance.

Le Chef du Gouvernement d’Haïti ,

H E N R Y   C H R I S T O P H E.

Par Son Excellence ,

Le Secrétaire du Gouvernement ,

R o u a n e z  jeune.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. R o u x , imprimeur de l’Etat.

7 Mai 180721 Mai 1807

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