16 Novembre 1809

About This Publication

The answer to the riddle or enigma published in the last issue is revealed here to be “Friendship.” Perhaps, more importantly, however, Napoleon Bonaparte’s defeat of the Papal States is announced as a “monstrous usurpation.” Indeed, these actions would lead Bonaparte to be ex-communicated from the Catholic Church. A report on the comings and goings of foreign ships at the port of Cap-Haïtien concludes issue number 46.

*Provenance: Beinecke Rare Book and Manuscript Library at Yale University

 

(  N u m é r o   46.  )

 

GAZETTE OFFICIELLE

de

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

Du  J e u d i  16  Novembre 1809 , l’an sixième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                      

L  O  N  D  R  E  S.

Usurpation des É t a t s du Saint-Siège.

LE décret par lequel Buonaparté a usurpé  les états du pape , et la proclamation publiée par le général Miollis à ce sujet , seraient des pièces de la plus haute importance dans des temps ordinaires ; mais cette monstrueuse usurpation est à peine remarquée au milieu des catastrophes déjà produites et encore méditées par ce brigand. En s’emparant des propriétés du Saint-Siège , il prétend seulement révoquer un don fait par Charlemagne aux évêques de Rome , et reprendre sur cette ville la souveraineté qui appartenait à cet empereur. Il est difficile de concevoir pourquoi , lorsque l’usurpation est si évidemment injuste , lorsque la spoliation est si ouvertement sacrilège, cet homme cherche à y donner de tels prétextes , à les couvrir de palliatifs aussi misérables. Que ne disait – il : « Je saisis ces états parce que celui qui les possède n’est pas capable de les

» défendre ; je détruis cette autorité souveraine , parce qu’elle ne veut pas m’être soumise , ou

» parce que ce n’est pas moi qui l’ai créé ; enfin je détrône le pape , parce qu’il s’est compromis

» aux yeux de la chrétieneté [sic] en me sacrant empereur ! » mais cette franchise d’un brigand ne convient point à cet homme , qui ne jouit vraiment du mal qu’il fait , des désordres qu’il produit , que quand il a ajouté la dérision à l’outrage , et cherché à prouver aux victimes de ses attentats , qu’en commettant un crime , en consommant une usurpation , il n’a fait qu’exercer un droit qui lui a été transmis par ses prédécesseurs. Depuis qu’il a déclaré Charlemagne son auguste prédécesseur , et qu’il s’est emparé de Rome , parce que cette ville n’a pas cessé d’être une partie de l’empire de ce prince , on doit s’attendre qu’il revendiquera de même tous les autres états qui le composaient , comme n’ayant pu cesser d’en faire partie. Ainsi celui qui n’a eu pour ancêtres que quelques habitans obscurs d’une île presque toujours esclave, celui qui n’a eu pour prédécesseurs que le vil et atroce Robespierre , et un directoire méprisable , a l’effronterie d’appeller Charlemagne son prédécesseur , et parce qu’il a usurpé le trône des Bourbons , il se prétend l’héritier de ce grand prince ! ! ! ! ! ! Ici le ridicule est voisin de la scélératesse ,

 

[    182    ]

et on sourit à la bêtise de l’usurpateur en même temps qu’on est révolté de son insolence.

Nous discuterons dans un autre article les conséquences probables de cette nouvelle usurpation , ainsi que les faits historiques sur lesquels on prétend l’appuyer.

Voici ce décret et la proclamation du général Miollis.

Napoléon , empereur des français , etc.

Considérant que , lorsque Charlemagne , empereur des français , et notre auguste prédécesseur, fit don aux évêques de Rome, de diverses contrées , il les leur céda à titre de fief , pour assurer le repos de ses sujets , et sans que Rome ait cessé , pour cela , d’être une partie de son empire ;

Considérant que , depuis ce temps , l’union des deux pouvoirs , spirituel et temporel , la source de continuelles discordes ; que les souverains pontifes ne se sont que trop souvent servis de l’influence de l’un pour soutenir les prétentions de l’autre ; et que , par cette raison , les affaires spirituelles qui , de leur nature , sont immuables , se trouvèrent confondues avec les affaire temporelles qui changent suivant les circonstances et la politique des temps ;

Considérant enfin que tout ce que nous avons proposé pour concilier la sûreté de nos armées , la tranquillité et le bien-être de nos peuples , la dignité et l’intégrité de notre empire avec les prétentions temporelles des souverains pontifes , ayant été proposé en vain ,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1er.  Les états du pape sont réunis à l’empire français.

  1. La ville de Rome , premier siège du christianisme , et si célèbre par les souvenirs qu’elle rappelle , et les monumens qu’elle conserve , est déclarée ville impériale et libre.

Son gouvernement et son administration seront régis par un décret spécial.

  1. Les monumens de la grandeur romaine seront conservés et maintenus aux dépens de notre trésor.
  2. La dette publique est déclarée dette de l’empire.
  3. Les revenus actuels du pape seront portés jusqu’à deux millions de francs , libres de toute charge et redevance.
  4. Les propriétés et palais du St-Père ne seront soumis à aucune imposition , juridiction , visite , et jouiront , en outre , d’immunités spéciales.

7    Une consulte extraordinaire prendra, le 1er Juin prochain , possession , en notre nom, des états du pape , et fera en sorte que le gouvernement constitutionnel y soit en vigueur le 1er Janvier 1810.

Signé  N A P O L É O N.

Par l’empereur , le ministre secrétaire d’état , Signé  H. B. M a r e t.

                                                           

Par un autre décret du même jour , 17 Mai 1809 , la consulte extraordinaire , instituée par le décret précédent , sera composée des membres suivans : MM. le général de division Miollis, gouverneur général , président ; Salicetti , ministre du roi de Naples ; Degerando , Dannet , del Pozzo , maîtres des requêtes ; Delbade , auditeur au conseil d’état , secrétaire. Cette consulte est chargée de prendre possession des états du pape au nom de l’empereur , et de préparer les opérations qui doivent faire passer insensiblement ces états de l’ancien au nouvel ordre de choses. Elle correspondra avec le ministre des finances de l’empire français.

 

[    183    ]

                                                           

P R O C L A M A T I O N.

R o m a i n s ,

La volonté du plus grand des héros vous réunit au plus grand des empires. Il était juste que le premier peuple de la terre partageât l’avantage de ses lois et l’honneur de son nom avec celui qui jadis le précéda dans le chemin de la gloire. Quand vos ancêtres conquirent le monde , tels étaient les conseils de leur générosité et les résultats de leur gloire.

Le seul désir de votre prospérité a dicté le décret de votre réunion. Le moment choisi pour l’opérer , vous découvre le motif qui l’inspira. Vous devenez partie de l’empire français au moment où tous les sacrifices exigés pour l’établir sont consommés ; vous êtes appelés au triomphe sans en avoir partagé le dangers.

Parcourez les annales de votre historie , depuis long – temps elles ne contiennent que le récit de vos infortunes.

Votre faiblesse naturelle vous rendait la facile conquête de tous les guerriers qui voulaient franchir les Alpes.

Unis à la France , sa force devient la vôtre. Tous les maux qui résultaient de votre faiblesse ont cessé.

Malheureux comme nation , vous ne l’étiez pas moins comme citoyens. La misère et l’insalubrite qui régnaient dans vos villes et dans vos compagnes , attestent depuis long-temps à l’Europe et à vous mêmes , que vos souverains , partagés entre des soins trop différens , se trouvaient dans l’impuissance de vous procurer cette félicité que vous allez obtenir.

Romains , non conquis , mais réunis , concitoyens et non asservis, non-seulement notre force devient la vôtre , mais nos lois vont assurer votre repos , comme elles ont assuré le nôtre.

Tandis que pr cette réunion vous recueillez tous les biens qui vous manquaient , vous n’en perdez aucun de ceux que vous possédiez.

Rome continue d’être le siége du chef visible de l’église , et le vatican , richement doté et à l’abri de toute influence étrangère , comme au-dessus de toutes les vaines considérations terrestres , présentera à l’univers la religion plus pure et entourée de plus de splendeur. D’autres soins conserveront dans vos monumens le patrimoine de votre ancienne gloire ; et les arts ; enfans du génie , encouragés par un grand homme , enrichis de tous les exemples et de tous les modèles, ne seront plus contraints de chercher ailleurs ni l’occasion ni le prix de leurs inspirations divines.

Tel est , Romains , l’avenir qui s’ouvre devant vous , et dont la consulte extraordinaire est chargée de préparer les bases.

Garantir votre dette publique , ranimer votre agriculuture et vos arts , améliorer de toutes manières votre destinée actuelle ; prévenir enfin et empêcher les larmes que la réforme des abus fit tant de fois verser ; tels sont les ordres , telle est l’intention de notre auguste souverain.

Romains , en secondant nos efforts , vous pouvez rendre à vous plus prompt , à nous plus facile, le bien que nous sommes chargés et que nous avons le désir de vous faire.

Rome , le 10 Juin 1809.

Signé  S a l i c e t t i ,  J a n e t.

Le comte de Miollis, gouverneur général.

Pour la consulte , C.  B a l d e.

                                                                                                                                   

 

Perte faite par les Autrichiens dans la bataille d’ A s p e r n.

La perte , des deux côtés , a été considérable. Ce qui prouve , ainsi que le peu de prisonniers qu’on a faits de part et

 

[    184    ]

d’autre , qu’on était déterminé à vaincre ou à mourir mourir .

L’armée autrichienne déplore la mort de 87 officiers supérieurs et de 4,199 bas officiers et soldats.

Les lieutenans – généraux princes de Rohan, Dedovich , Weber et Frenel ; les généraux Winzingerode, Grill, Neustadler, Siegenthal , Colloredo , May , Hohenfeld et Buresch , 663 officiers et 15,651 officiers subalternes et soldats ont été blessés. Parmi ceux-ci , le feld – maréchal – lieutenant Weber , 8 officiers et 829 hommes ont été faits prisonniers par le’ennemi.

La perte de l’ennemi a été prodigieuse et exède tout ce qu’on pouvait attendre. On ne peut l’expliquer que par notre feu concentré sur un champ de bataille extrêmement resserré , où toutes les batteries se croisaient. On peut l’évaluer d’après les données suivantes , qui sont authentiques.

 

Perte faite par les Français dans la même Bataille.

 

Les généraux Lasnes , d’Espagne , Saint-Hilaire et Albuquerque sont morts ; Massena, Bessières, Molitor, Boudet, Legrand, Lasalle et les deux frères Lagrange ont été blessés ; Durosnel et Fouler sont pris.

Au-delà de 7 mille hommes et un nombre immense de chevaux ont été enterrés sur le champ de bataille ; cinq mille et quelques cens blessés sont dans les hôpitaux. A Vienne et dans les faubourgs on compte maintenant 29, 773 blessés ; plusieurs autres ont été conduits à Saint-Polten, Enns et jusqu’à Lintz ; 2,300 ont été pris. Plusieurs centaines de cadavres flottèrent sur le Danube , et sont chaque jour jettés sur les bords ; plusieurs ont trouvé la mort dans l’île de Lobau, et depuis que l’eau s’est introduite dans les petits bras de la rivière , une quantité innombrable de cadavres , consignés par les français à un éternel oubli, ont paru tout- à-coup. L’enterrement des morts n’est pas encore terminé , et un air pestillentiel s’échappe de ce théâtre de mort.

                                                                        Extrait de l’Ambigu.

                                                           

Le mot de l’Énigme est Amitié.

                                   

Mouvement de la Rade du Cap pendant le mois d’Octobre.

A r r i v é e.

Dix bâtimens étrangers , chargés de provisions et de marchandises sèches.

D é p a r t s.

Onze bâtimens étrangers , chargés de café, sucre et cacao.

                                                                                                                                   

P r i x   d e s   D e n r é e s.

Café .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      18 sous la liv.

Sucre terré .  .  .  .  .  .  .  .  .     18 gourdes le cent.

brut .  .  .  .  .  .  .  .  .       8 gourdes le cent.

Cacao  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 sous la livre.

Coton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      10 gourdes le cent.

Indigo .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .        1 gourde la liv.

Sirop ou Molasse  .  .  .  .  .   2 gourdins la velte.

Tafia.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      32 à 36 gourdes la bar.

Cuirs de bœufs , en poils .    6 gourdins.

moutons et cabr.   3 gourdins.

tannés  .  .  .  .  .  .  .   2 g. le côté.

Ecailles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   2 gourd. la liv.

Huile de Palma Christi .  .     1 g. et demie le galon.

Casse médecinale .  .  .  .  . 10 sous la livre.

Confitures , sèch. et liquid.     2 gourdins la liv.

                                                                                                                                                           

A  V  I  S    D  I  V  E  R  S.

  1. Le Public est prévenu de ne point faire crédit à l’Equipage du navire John , de Londres , capitaine Whitehead.
  2. Le Public est prévenu de ne point faire crédit à l’Equipage de la goëlette Nelson , de Philadelphie , cap. Norton.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

9 Novembre 180923 Novembre 1809

Get in Touch

Comments? Questions? Found an early Haitian newspaper that you’d like to share?

Office

Yale University

203-432-6086

Social