17 Janvier 1811

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It is perhaps fitting that the final known known extant issue of La Gazette Officielle begins by recounting the end of a celebration held in honor of the eighth anniversary of Haitian independence. Among those toasted were President Henry Christophe, naturally, along with the abbé Grégoire, referred to as “the friend of humanity,” Father Corneille Brelle, the future Queen, Marie-Louise, and the “Marines of Haiti,” for their “continued success.”

*Provenance:  Beinecke Rare Book and Manuscript Library at Yale University

(  N u m é r o   3.  )

GAZETTE OFFICIELLE

de

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

Du   J e u d i  17  Janvier 1811 , l’an huitième de l’indépendance.

                                                                                         

Amis !  qu’il ne soit plus qu’un parti parmi nous ,

                  Celui du bien public et du salut de tous !

V o l t a i r e , Tancrède.

                                                                                         

Fin des Discours prononcés le jour

l’anniversaire de l’Indépendance

l’Etat d’Hayti.

                                   

S o n  E. M. le Maréchal de camp , gouverneur de la capitale , s’est exprimé en ces termes :

Habitans et Habitantes de la bonne ville du Cap-Henry !

« La fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de l’anniversaire de la huitième année de notre immortelle indépendance. Quelle ère de gloire et de bonheur s’ouvre pour nous ! Quelles perspectives riantes s’offrent à nos regards ! Les profondes racines de l’arbre de l’indépendance , vivifiées par le génie de l’auguste Souverain qui nous gouverne , lui promettent une éternelle durée. Les ennemis de l’ordre social , de l’humanité , seront forcés de reconnaître les bases immuables de l’édifice que nous avons élevé à nous même et à notre postérité !

» Déjà notre existence politique n’est plus un problème. Notre pavillon flotte sur des citadelles navales , capables de le faire respecter , et dans des lieux étonnés de l’appercevoir ! Les vaisseaux de la maîtresse des mers l’accueillent avec amitié , et semblent sourire avec plaisir à nos naissans efforts.

» La victoire s’est plue à se fixer sous nos drapeaux. Nos braves et généreux soldats se montrent les dignes défenseurs de la liberté , de l’indépendance , de l’Autorité légitime. Les fonctionnaires publics , ces intègres magistrats , secondent à l’envie les plans qui leur sont tracés, et par une administration sage et vigoureuse , concourent à la félicité de l’Etat. Aussi la prospérité croissante de nos finances , l’état d’abondance dont nous jouissons , le calme profond qui règne dans notre territoire , font – ils le plus bel éloge du suprême magistrat !

» La régénération des mœurs a apporté un bien sensible dans nos usages. Les fonctionnaires civils et militaires sentent que pour obtenir la considération publique ils doivent être mariés , aussi s’empressent-ils de contracter ces liens fortunés , qui

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»  Nous avons tous été témoins de ces amnisties adressées , tant de fois , aux révoltés , pour leur offrir pardon , oubli du passé , et les engager à se réunir à des frères généreux , qui ont su les vaincre partout où ils se sont présentés ; de cette solennelle députation envoyée tout récemment aux Port-aux-Crimes , aux fins de réunir tous les haytiens sous les bannières de l’Autorité légitime. Qu’en est-il résulté ? endurcissment de la part des révoltés ; rejet des propositions offertes avec tant de grandeur d’âme et de désintéressement. Cette démarche , que le brûlant amour de la patrie a pu seul inspirer , a été dignement appréciée par les haytiens, par les honnêtes gens de toutes les classes de la société. Les étrangers l’admirent comme nous – mêmes ; comme nous , ils diront : celui – là seul est digne de commander , qui sait renoncer à ses passions , pour qui les sacrifices ne sont rien , lorsqu’il s’agit du bonheur des haytiens , et de leur réunion sous l’égide unique de ses lois et de sa protection puissante et tutélaire.

» Pour vous , ô mes Concitoyens , habitans et habitantes de cette capitale , qu’il a nommée sa bonne ville , et dont il a daigné me confier le gouvernement , vous vous montrerez toujours dignes de sa prédilection , vous inspirerez toujours à vos enfans le respect aux lois , la soumission et l’obéissance à l’Autorité légitime , qui a la force et les moyens de faire votre bonheur ; vous leur ferez sentir les avantages de la liberté , de l’indépendance , dont nous jouissons ; vous inculquerez de bonne heure , dans leurs âmes , ces sentimens qui caractérisent le juste , l’honnête haytien , ami de son pays ; vous prierez avec moi le Suprême moteur de l’univers , de répandre ses bénédictions sur les jours précieux du Père de l’Etat , sur notre auguste Prèsidente , le modèle des épouses et des mères de famille , et sur leurs enfans chéris ; de les conserver pendant une infinité d’années pour la grande famille de l’Etat , qu’ils gouvernent avec tant de gloire et de sagesse ; et plein de zèle et de patriotisme , vous prononcerez avec moi ce serment solennel , qui doit unir à jamais les haytiens , et qui doit être même appris à nos enfans :

» Nous jurons de renoncer à jamais à la France , de mourir plutôt que de vivre sous sa domination , et de répandre jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour la liberté et l’indépendance de notre pays. »

Haine éternelle aux Tyrans !

Vive Monseigneur le Président !

Vive son auguste Epouse et sa Famille chérie!

Les mêmes cris , le même serment ont été portés jusqu’au ciel.

M. le Commissaire général a pris la parole , et s’est ainsi prononcé :

H  a  y  t  i  e  n  s  !

« L’acte sublime dont nous venons d’entendre la lecture , et le serment que nous renouvellons , nous imposent de grandes obligations envers notre pays , et particulièrement envers notre souverain et bien-aimé Président.

» Cet acte nous rappelle l’époque à jamais mémorable où nous nous sommes déclarés libres et indépendans. Combien ce précieux anniversaire eût répandu des charmes dans nos cœurs , et sous qu’elles auspices il eût été célébré , s’il eût vu éclore l’abjuration des faux principes et le retour à l’Autorité légitime et paternelle ! Mais

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l’endurcissement d’une horde de factieux imprégnés de crimes , ne nous a pas permis de jouir de ce bienfait.

» Guerre à quiconque tenterait d’attaquer l’édifice de notre immortelle indépendance. Jamais, non jamais , les courageux enfans de la liberté ne souffriront que le berceau de leur enfance , que les tombeaux de leurs ancêtres soyent profanés ; jamais le drapeau de la tyrannie ne flottera sur ce sol reconquis par le sang des augustes martyrs de la liberté.

» Précieuse et chère indépendance !…soyez toujours l’idole de nos cœurs ! entretenez-les du brûlant amour de la patrie ! l’égide puissante et protectrice du Grand Henry peut seule nous consolider dans ces fortunés climats.

» Répétons donc , oh ! mes Concitoyens , avec son immortel fondateur , indépendance ou la mort , que ces mots sacrés nous rallient , qu’ils soyent notre signal dans les combats ! »

Vive à jamais l’Indépendance !

Vive Henry le bien – aimé , le Vainqueur et le Père de ses Concitoyens !

Ces augustes cris ont résonné de toutes parts.

Immédiatement après cette cérémonie, les autorités ont été recevoir , aux portes du palais , LL. A. S. , qui , au milieu d’un cortege pompeux , ont marché vers la cathédrale pour assister au Service divin.

Au prône , S. E. M. le Prefet apostolique , après avoir esquissé d’un style rapide la série de malheurs à travers laquelle le peuple haytien est parvenu à la liberté et à l’indépendance , après avoir proféré le serment que ce jour a vu renouveller , a opposé contre les infâmes partisans de l’esclavage , l’argument de saint Paul dans son épître aux Galates , ch. 4 , v. 1er , s’est élevé contre le colosse hautain qui fait gémir le monde sous le poids de son orgueil, en a peint la chute inévitable avec l’éloquente impétuosité du pinceau de Racine ; de là, par un heureux contraste, s’est étendu sur les qualités éminentes de S. A. S. et sur le riant spectacle qu’offre cet Etat fertilisé par l’influence de son administration paternelle , et a terminé par annoncer qu’un Te Deum allait être chanté pour célébrer le jour à jamais mémorable où le peuple haytien a prouvé que les nations tiennent en leurs mains les clefs de leur liberté , et que les oppresseurs du genre humain ne paraissent avoir une stature gigantesque , qu’autant que leurs pâles victimes fléchissent le genou.

A l’issue de la messe , LL. A. S. ont été accompagnées avec la plus grande pompe au palais , où un déjeûner splendide était apprêté.

Au bruit des fanfares et des salves d’artillerie , les toasts suivans ont été portés.

Par le lieutenant général Paul Romain : A la santé de S. A. S. Monseigneur le Président , et à la conservation de ses précieux jours , si indispensables au bonheur des haytiens !

Par M. Juste Chanlatte : A la santé de S. A. S. madame la Présidente et de ses enfans chéris. Qu’ils soyent toujours l’idole des haytiens !

Par le Président : A la fondation de notre glorieuse Indépendance ! elle sera éternelle , puisque les haytiens préfèrent la mort à l’asservissement !

Par le même : A l’Armée d’Hayti ! animée toujours du sublime patriotisme et de l’amour de la liberté , elle terrassera la tyrannie et tous les partisans de l’esclavage!

Par le révérend père Corneille Brelle : Aux glorieux Fondateurs de la Liberté et de l’Indépendance !

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Par le brigadier des armées Ferrier : A la Marine d’Hayti et à la continuation de ses succès !

Par M. le juge de paix Isaac : A l’extinction de la Rébellion à Hayti ! Que cette année ne s’écoule pas sans voir les haytiens réunis sous les bannières de l’Autorité legitime et sous le gouvernement du juste , du vertueux , du magnanime Henry !

Par M. Lagroue : A l’abbé Grégoire : l’ami de l’humanité !

Il est des émotions qu’une âme sensible peut éprouver , mais qu’aucun langage connu ne saurait rendre ; telles sont les délicieuses sensations qui ont tour à tour agité les convives , en voyant le Père de l’Etat , environné de ses enfans , se livrer à cette effusion de cœur qui répand des charmes si touchans.

Après le repas , les convives ont assisté à un bal qui s’est donné chez S. E. M. le lieutenant général P. Romain , où les plaisirs se sont prolongés fort avant dans la nuit.

                                                                                                                       

Mouvement de la Rade su Cap – Henry , pendant les mois de Novembre et de Décembre 1810.

A  r  r  i  v  é  e.

Six bâtimens étrangers , chargés de provisions et de marchandises sèches.

D  é  p  a  r  t  s.

Six bâtimens étrangers , chargés de café , sucre et cacao.

                                                                                                                       

Mouvement de la Rade des Gonaives du premier Juin 1810 au 31 Décembre inclusivement.

A  r  r  i  v  é  e.

Vingt bâtimens étrangers , chargés de provisions et de marchandises sèches.

D  é  p  a  r  t  s.

Vingt-quatre bâtimens étrangers , chargés de café et de coton.

                                                                                                                       

P r i x   d e s   D e n r é e s.

Café .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      16 sous 6 d. la liv.

Sucre terré .  .  .  .  .  .  .  .  .     18 gourdes le cent.

brut .  .  .  .  .  .  .  .  .       8 gourdes le cent.

Cacao  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 sous la livre.

Coton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      10 gourdes le cent.

Indigo .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .        1 gourde la liv.

Sirop ou Molasse  .  .  .  .  .   7 escalins la velte.

Tafia.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      46 à 48 gourdes la bar.

Cuirs de bœufs , en poils .    6 gourdins.

moutons et cabr.   3 gourdins.

tannés  .  .  .  .  .  .  .   2 g. le côté.

Ecailles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   2 gourd. la liv.

Huile de Palma Christi .  .     1 g. et demie le galon.

Casse médecinale .  .  .  .  . 10 sous la livre.

Tabac 1ere qualité. .  .  .  .    1 gourde ,

2e idem.  .  .  .  .  .    2 gourdins,       l’and.

3e idem.  .  .  .  .  .    4 escalins ,

Prix de la Viande.

Bœuf. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .    2 liv. pour un gourdia

Veau . .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      2 escalin la livre.

Mouton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      idem.

Cochon.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  1 escalin et demi la liv.

Bœuf de  .  .  .  .  .  .  .  ,  .  . 300 l. 32g.

Idem de.  .  .  .  .  .  . 250  25         la pièce.

Veau de .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  160 20

Mouton .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 6 à 8 g.

                                                           

On Vend à l’Imprimerie l’Almanach de cabinet pour l’Année 1811 , la huitième de l’indépendance. Prix , un gourdin.

                                                                                                                                                           

A  V  I  S    D  I  V  E  R  S.

      On vend à l’Imprimerie l’Alphabet pour apprendre à lire ; le Catéchisme ou Abrégé de la Foi pour faire la première Communion ( réimprimé sur le Catéchisme de la Mission , le seul en usage dans l’Etat d’Hayti ) ; le Saint Suaire de Notre Seigneur , et la Neuvaine à saint Antoine de Padoue ; des Cantiques de l’Ame dévote ( de Marseille ) et des Noëls , anciens et nouveaux , ainsi que des Cantiques spirituels , nouvelles éditions.

                                                                                                                                                           

Au Cap-Henry , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

10 Janvier 181122 Juillet 1813

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