18 Juin 1807

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The first article of this issue is entitled, “Conclusion on the advantages of Russia in its war with France,” and contains a list of wounded high ranking officials of the French army to make its point that Russia will be the victor. Importantly, the Gazette now also reports on the comings and goings of ships, and a list of items they transport.

*Provenance: British Library

(  N u m é r o   7.  )

                                                                                                                                                           

GAZETTE OFFICIELLE

d e

L’ É T A T   D ’ H A Y T I,

Du  J e u d i   18  Juin  1807 , l’an quatrième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                       

Fin des Avantages de la Russie dans la

            Guerre contre la France.

C’est ainsi qu’on a vu les forces britanniques , lorsqu’elles ont combattu seules contre les français , se distinguer par leur bravoure , et remporter constamment des victoires signalées , tandis qu’elles ont essuyé de revers toutes les fois qu’elles ont combattu , étant coalisées avec des troupes de nations différentes. L’auteur aurait pu ajouter un mot sur les victoires navales que la Grande – Bretagne a remportées , lorsque seule , elle a eu à combattre en même temps les flottes françaises , espagnoles , hollandaises et danoises.

Il n’y a donc qu’une puissance dont les ressources n’aient point été entamées ; qui soit tenue dans une parfaite unité par l’attraction réciproque et la cohésion solide de toutes ses parties constitutives ; qui soit formée de deux élémens qui s’accordent , soldat et chef ; qui soit égale à la France , en nombre et en discipline ; il n’y a , dit-il , qu’une telle puissance qui soit en état de lutter contre elle avec succès. Or , la Russie est cette puissance ; ses armées sont commandées aujourd’hui par un chef unique , dont une parole suffit pour mettre tout en mouvement. L’autorité de ce chef est absolue. Kamenskoi n’a personne auprès de lui pour retarder l’exécution de ses plans , pour en faire part à l’ennemi , pour enchaîner l’activité de son âme. Il n’a point de Mack pour faire échouer tous ses projets d’un coup , puisqu’il peut à l’instant chasser un traître ou un lâche. Il n’a point d’étrangers à consulter ; il n’a point de quartier – maître – général pour l’égarer. Son armée et lui forment un corps indivisible. Il peut punir avec la dernière sévérité ; la peur agira ou l’honneur manquera. A cet égard , l’armée russe est sur le pied de l’égalité avec celle de Bonaparte ; mais elle a des avantags éminens qui lui sont particuliers.

Elle est accoutumée au climat ; elle a la connaissance du local , la confiance qui naît de la pensée qu’elle est chez elle et au milieu de ses amis ; l’aiguillon que donne l’idée que l’on se bat sous les yeux de ses compatriotes ; l’intérêt de défendre sa patrie ; des moyens faciles et naturels de transport et d’approvisionnement ; des vêtemens  plus appropriés à la rigueur de la saison , mais par-dessus tout , la loyauté du peuple ; son dévouement , son attachement à son Souverain , qui n’a jamais

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pu être ébranlé dans quelque temps et pour quelque cause que ce fût. Et certes , lorsqu’un monarque tel qu’Alexandre , réunit à la majesté royale , objet de la vénération de ses sujets , les qualités aimables, tant publiques que particulières, qui lui attirent l’affection et le respect d’un peuple aussi brave que loyal , on peut avancer hardiment que s’il existe quelque chose d’invincible au monde , c’est un tel peuple et un tel souverain.

L’impossibilité de la corruption est encore un avantage important de l’armée russe. Tandis que tous les autres pays ont été plus on moins infectes du virus révolutionnaire , et que cette influence a souvent plus concouru aux succès des français qu’aucune supériorité réelle ; tandis que dans plusieurs pays on les a regardés et on les regarde encore comme des êtres d’une nature supérieure au reste des hommes , et qu’avant même de combattre , vous voyez une foule de gens leur adjuger la palme de la victoire ; la Russie seule , proprement dite , le fonds de la nation , s’est constamment montré impénétrable à ce poison destructeur. Les artifices , les subtilités de la France n’ont jamais pu s’introduire parmi le peuple russe. Sa loyauté l’en a toujours préservé jusqu’ici. Les français ont pu inoculer l’infection de leurs principes dans quelques individus , dans un petit nombre de ville , mais le génie de la nation la repousse , comme le froid de son climat y tue les germes de la peste. Les imprimés  , les écrits de la France n’y parviennent que difficilement , et sans vouloir insulter personne , on peut dire avec vérité , qu’il y a deux grands tiers de la nation russe qui , malgré la terreur que répand le nom de Bonaparte , n’ont jamais entendu parler de lui , et ne soupçonnent même pas son existence.

Un troisième avantage permanent , est la supériorité individuelle du soldat russe. La supériorité des français consiste dans l’enthousiasme , qui , de toute les causes , est celle qui passe le plus vite ; celle de l’anglais consiste dans ses principes , cause dont l’action est aussi stable et aussi durable que l’esprit humain peut l’admettre ; mais le soldat russe possède à la fois et les principes et les habitudes. L’union de ces deux causes est ce qu’il y a de plus fort , de plus puissant et de plus durable. Le soldat russe est celui de tous les soldats du monde qui a le moins de besoins , et qui peut supporter avec le plus de fermeté les fatigues et les privations de tout genre , la faim , la soif , les marches forcées , les travaux , le mauvais temps , le défaut de sommeil. On a vu souvent des soldats russes faire des marches de trois jours et de trois nuits presque sans interruption , combattre ensuite pendant long-temps , et finir par revenir victorieux. Ce furent ces qualités qui empêchèrent la jonction de Moreau et de Macdonald en Italie ; ils ne s’attendaient pas à se trouver coupés l’un de l’autre , et battus par un ennemi venant de si loin.

Quant aux principes du soldat russe , on sait que la religion en forme l’essence. Son attachement à ses devoirs est chez lui un précepte divin ; il marche au combat résigné à son sort , et convaincu que mourir en se battant pour son roi , le mène droit au Ciel. La mort , qui est un objet de terreur pour tant d’autres  soldats , est pour lui le présage d’une glorieuse récompense future. Son obéissance passive à son commandant est encore un de ses principes , qui n’admet ni exception ni modification. N’y eût il qu’un officier et un soldat russe restant de toute une armée sur le champ de bataille , et enveloppés par des milliers d’ennemis vainqueurs , le soldat ne mettra jamais les armes bas , si son officier le lui défend. Cette discipline parfaite est chez lui l’effet des principes que Pierre le Grand a inculqués dans l’âme de la généralité de la nation et du militaire russe.

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Telle est l’armée que Napoléon a aujourd’hui à combattre. Les précautions extrêmes qu’il prend , sa circonspection , le relâchement qu’on aperçoit déjà dans sa rapidité accoutumée , semblent indiquer clairement la différence qui existe entre ces ennemis et ceux qu’il a vaincus jusqu’à ce jour : aussi prend-il vis-à-vis  les russes un ton très différent de celui qu’il prenait vis – à – vis les  les autres ; il ne cherche pas à vanter leur mérite pour relever le sien ; il ne leur prodigue pas les éloges qu’il donnait au lâche Mack. Il s’occupe constamment à les avilir et à les rabaisser dans l’opinion de ses propres soldats. Une seule fois il a eu la générosité de les traiter de bastions qu’il fallait démolir. Il ne peut faire la guerre contre les russes sans employer ses conscrits , et il n’ignore pas que ses conscrits n’ont en général aucune disposition à se mesurer avec les russes. Il cherche donc , par toute sorte de moyens , à diminuer la terreur du nom russe , dont le souvenir est encore désagréable au peuple français ; il agit comme ce général polonais qui, apprenant que le terrible Suwarow allait marcher contre lui , et voyant que son nom excitait parmi ses troupes une telle consternation , qu’elles refusaient de se battre , imagina de leur dire que ce n’était pas le grand Suwarow , mais un de ses parens éloigné , qui commandait l’armée russe , au moyen de quoi il parvint à leur redonner une sorte de confiance , dont ils furent bientôt cruellement désabusés.

L’auteur répond ensuite aux écrivains britanniques qu’ont osé avancer qu’il serait aussi aisé à Bonaparte de marcher sur Saint-Petersbourg , qu’il lui avait été facile d’aller à Berlin. Il s’étend sur la faute capitale que fit le duc de Brunswick de remettre le sort de la monarchie prussienne aux hasards d’une seule bataille. Il fait voir que pour peu que l’on consulte la carte , il est tout autrement difficile d’aller de Varsovie à Pétersbourg , que de Paris à Berlin ; qu’il n’y aurait qu’un fou qui voudrait tenter de pénétrer dans le cœur de la Russie ; que Charles XII s’y aventura autrefois , et que sa ruine doit servir de leçon à Bonaparte , s’il n’a pas la tête dérangée.

La coopération des polonais s’est réduite jusqu’à présent à fort peu de chose. Il ne paraît pas, à la vérité , que Bonaparte compte beaucoup dessus. Il n’a d’ailleurs , jusqu’à ce jour , envahi que la Pologne prussienne , et cette partie de ses conquêtes n’aurait pu lui fournir que de pauvres recrues fort mal disposées à se battre Du reste , en supposant même qu’il parvînt à s’emparer de la Pologne autrichienne et de la Pologne russe , il est difficile de croire que les polonais soient fort empressés à se ranger sous son joug. Ce que Bonaparte appelle leur restauration , sera tout uniment la conquête du pays. Le véritable patriote polonais craint beaucoup plus les suites de la protection de Bonaparte , qu’il ne se plaint de son état actuel. Bonaparte , ne sera pas éternellement en Pologne , et la Russie sera éternellement auprès. Les polonais sont trop sages pour s’exposer à être traites par la suite comme des rebelles.

Après quelques réflexions sur l’état actuel des polonais , comparé à leur ancien état d’anarchie , d’oppression et de servitude , l’auteur de cet excellent pamphlet finit par une description des cosaques , et de la manière de faire la guerre de ces troupes , tout à-fait étrangère aux armées européennes , et qui fournira encore de grands avantages aux russes ; cette description se trouvant déjà dans nombre d’ouvrages , nous n’en parlerons point.

                                                           

R E S U M E   P O L I T I Q U E.

Jamais l’opinion publique n’a été plus agitée plus égarée par de faux rapports , qu’elle ne l’a été pendant tout le courant

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de Janvier. Chaque jour a vu arriver du continent des récits de victoires et de défaites successives, dont l’exagération aurait dû faire soupçonner la vérité ; mais ces rapports étaient envoyés de tant de côtés et par des personnes si respectables et leur résultat si agréable , que le sceptisme le plus invétéré en était ébranlé. On s’attendait à une bataille décisive en Pologne , à la fin de Décembre ; l’imagination se représentant cette bataille comme devant donner le coup de grâce à l’armée français ou à l’armée russe , on n’a jamais voulu parler de moins de 40 mille hommes , souvent de 60 , et quelquefois même de 80 tues , blessés ou faits prisonniers dans ces combats imaginaires. Engin tous ces prestiges sont dispersés , et nous sommes réduits aujourd’hui à n’offrir à nos lecteurs que les affaires du 26 Décembre , où les avantages ont été balancés , où chaque parti , après avoir perdu 8 à 10 mille hommes, réclame la victoire ; et à la suite desquelles chacun a fait un mouvement rétrograde de vingt lieues pour avoir à boire et à manger. Nous nous félicitons que le délai de notre publication nous ait permis de supprimer et jeter au feu tout ce que nous avions déjà écrit et imprimé , sous l’influence de ces succès de Gazettes. Nous n’aurons pas au moins la peine de nous rétracter.

Il paraît que les affaires qui ont donné lieu à tant de rapports differens , se réduisent à celles qui sont mentionnées dans les 45 , 46 et 47e bulletins ; qu’il n’y a point eu d’hostilités en Pologne postérieurement au 26 , mais que les affaires des trois jours précédens ont été assez vives pour mériter une place dans l’histoire. Les rapports des français suffisent à ceux qui sont accoutumes à leur style , pour se convaincre que Napoléon y a eu le dessous , et qu’au total l’issue en a été favorable aux russes.

Le projet évident des français était de séparer les russes des prussiens , et de s’emparer des magasins des premiers a Bierly – Stock ; or , ils ont échoué dans l’une et l’autre de ces tentatives. Le 47e bulletin , qui rend compte de l’affaire de Pultusk , est du genre de ces rapports que Ciceron , dans ses lettres à Brutus , qualifiait de dubia significans. On y voit , dans les expressions , l’affaire fut chaudement disputée… , le feu fut des plus vifs… , après divers événemens…. , etc.  que le succès fut balancé. Les russes se retirent toujours dans la nuit , preuve qu’ils n’a-avaient pas été forcés dans la journée. Et puis , de l’aveu même du rédacteur des bulletins , le nombre des généraux français tués ou blessés dans ces affaires , indique incontestablememt à quel point elles ont dû être sanglantes.

Nous y voyons le général Fénéroiles tué.

Le maréchal Augereau avoir un cheval tué sous lui.

Le maréchal Lannes , blessé d’un coup de fusil.

Le général Rapp , blessé à la tête de sa division.

Le général Vonderveldt , blessé.

Le général de brigade Boussard , blessé.

Le général Wedel , blessé.

Le général Claparede , blessé.

Le général Treilhard , blessé.

Le général Bouslard , blessé.

Le colonel Beckel , du 8e dragons , tué.

Le colonel du 14e de ligne , tué.

Bourrau , aide de camp du maréchal Bessieres , blessé.

Le colonel Sémelé , du 24e de ligne , blessé.

Le colonel Barthélemy , du 15e dragons blessé.

Voison , aide de damp du maréchal Lannes , tué.

Cette énumération suffit pour justifier les rapports qui faisaient perdre aux français 17 à 20 officiers de marques dans ces sanglantes journées.

La suite au Numéro prochain.

                                                                                                                                                           

M O U V E M E N T   D E   L A   R A D E

Pendant le mois de Mai.

A  r  r  i  v  é  e    d e    N  a  v  i  r  e  s.

Trois bàtimens étrangers , chargés de provisions et de marchandises sèches.

D  é  p  a  r  t  s    d e    N  a  v  i  r  e  s.

Six bâtimens étrangers , chargés de café , sucre et cacao.

                                                                                                                                                           

A V I S    D I V E R S.

On Vend , à l’Imprimerie de cette Feuille , le Tarif ou les Comptes faits des Monnaies qui ont cours dans l’Etat d’Haïti , des Cantiques spirituels , l’Alphabet pour apprendre à lire , le Catéchisme pour faire la Communion , l’Oraison au Saint – Suaire de Jesus – Christ et l Neuvaine à Saint – Antoine de Padoue.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez  P.  R o u x , imprimeur de l’Etat.

11 Juin 180725 Juin 1807

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