22 Août 1816

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Continuing to describe the fête of the Queen, this issue provides a list of the names of the foreign “négocians” whose participation in the procession was first noted in the August 21st issue of the Gazette. Among the surnames listed for these foreigners is that of “Stafford,” which is actually one, Thomas Strafford, a British resident of Kingston, who would later be arrested and charged with carrying seditious material from Haiti back to Jamaica. Though the name is misspelled in this issue, the next issue (dated August 24th) of the Gazette removes any lingering doubt, as it correctly lists “Thos Strafford” as being in attendance. An indictment held by the Jamaica National Archives, details the charges against Mr. Strafford, noting that on December 13, 1816, Strafford  “unlawfully quit” Haiti, “with the purpose of clandestinely landing in the said Island of Jamaica.” After having arrived in Kingston on January 6, 1817, Stafford was found to have in his possession several copies of Vastey’s Réflexions sur une lettre de Mazeres, resulting in his arrest.  At the celebratory meal following mass, a speech by a different négocian named Mr. White is given, completed with toasts raised to the King of England, to the Human Race, and to the President of the United States. A list of the current price of commodities in Haiti finishes the number.

*Provenance: American Philosophical Society

LIBERTÉ, INDÉPENDANCE, OU LA MORT

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Gazette Royale d’Hayti,

Du 22 Août 1816, treizième année de l’indépendance.

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L’Union fait la Force.

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Suite de la Fête de Sa Majesté la Reine.

LA cérémonie terminée, Leurs Majestés se rendirent à l’église cathédrale pour assister à l’Office Divin.

Le cortège était rangé dans l’ordre suivant:

Les hérauts d’armes ouvraient la marche sur deux rangs: venaient ensuite les pages.

Après, marchaient sur deux rangs Mrs les Chevaliers, les Barons, les Comtes, les Ducs, les Princes; les Epouses de Mrs les Dignitaires étaient aussi rangées dans le même ordre, et une double haie des gardes du corps bordait le cortège.

Dans le centre était le Roi, ayant à sa droite la Reine.

Derrière Leurs Majestés, les Princesses Royales, ayant à leur droite le Prince Royal, et à leur gauche le princeEugène, duc du Môle; plus derrière étaient les Dames d’honneur et d’atours de Sa Majesté, et les gouvernantes des Princesses Royales: suivaient ensuite les grands offciers de la couronne, les ministres; et les secrétaires du Roi.

Monseigneur l’Archevêque s’était rendu à la porte de l’église pour recevoir Leurs Majestés sous le dais; la messe fut célébrée par son éminence; et au prône, monseigneur fit un sermon analogue à la fête, dont l’onction et la douceur des paroles, respiraient la morale évangélique de notre Divin Sauveur. Le Te Deum a été chanté en action de grâces au son de toutes les cloches et au bruit du canon.

Après la messe, Leurs Majestés retournèrent au palais dans le même ordre qu’elles étaient venues.

Un repas splendide, de plus de quatre cens couverts, était servi dans une salle immense, qui avait été construite exprès pour le festin, par les soins, le zèle et l’activité de Mrs les barons de Ferrier et de Dupuy; cette salle, magnifiquement ornée de lambris, de glaces, de tableaux, de lustres, de candélabres et de flambeaux magnifiques, présentait le plus superbe coup-d’œil.

Au dessert les toasts suivans furent portés.

Par sa grâce monseigneur le duc de l’Artibonite, grand maréchal d’Hayti:

Au Roi, au premier Monarque couronné du nouveau monde, le défenseur de la liberté et de l’indépendance du peuple haytien!

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Ce toast fut couvert par vingt-un coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson du Roi: Vive Henry.

Par son excellence monseigneur le comte de Limonade, ministre et secrétaire d’état: A la Reine, au parfait modèle des épouses et des mères; puissions-nous être réunis pour célébrer sa fête pendant un grand nombre d’années!

Vifs applaudissemens, vingt-un coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson de la Reine: Chantons amis et célébrons.

Par son excellence monsieur le comte d’Ennery: A S. A. R. monseigneur le Prince Royal, puisse-t-il imiter les vertus de son auguste Père, et marcher sur ses glorieuses traces!

Applaudissemens, onze coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson du Prince Royal: Dans les sentiers de la gloire.

Par le major général M. le baron de Dessalines: A Leurs Altesses Royales Mesdames les Princesses Royales: puissent-elles toujours faire le bonheur et la félicité de nos augustes Souverains!

Applaudissemens, onze coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson: Princesses chéries!

Par M. le baron de Vastey, secrétaire du Roi: A la Famille Royale; puissent les Héros de cet illustre Sang, consacrer leurs jours à la défense de la Liberté et de l’Indépendance!

Applaudissemens, neuf coups de canon, et la musique a joué l’hymne de la maison militaire; Dieux! quels rayons resplendissans!

Sa Majesté a fait porter le toast suivant par le ministre d’état, M. le comte de Limonade : A l’Union générale des Haytiens; puissent-ils se montrer toujours dignes de la Liberté et de l’Indépendance qu’ils ont conquises au prise de leur sang! Puissent-ils par leur sagesse, leur énergie et leur courage, mériter l’admiration, l’amitié et la bienveillance de toutes les Nations du monde!

Ce toast a porté l’enthousiasme dans tous les cœurs, et a été couvert par les cris de vive le Roi, vingt-un coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson: La Liberté dans nos foyers.

Le duc de Fort-Royal, grand maréchal du palais, a répondu aux vœux du Roi par le toast suivant: Puissent les Haytiens se pénétrer des sentimens magnanimes da Roi, Père de la Patrie! Puissent-ils entendre sa voix sublime et touchante, se réunir et s’embrasser comme des frères qui ont une seule et même cause, la Patrie, la Liberté et l’Indépendance, à défendre et à consolider sur des bases solides et durables.

Ce toast a été couvert par les cris à l’Union, à l’Union, vive la Liberté, vive l’Indépendance, onze coups de canon, et la musique a joué l’air de la chanson du peuple: Pour un Peuple aimable et sensible.

M. le chevalier de Prézeau a de suite porté la toast suivant: Aux mânes des Héros morts glorieusement pour la cause de la Liberté et de l’indépendance; leurs nobles sacrifices ne seront point perdus pour la Patrie! Soyons toujours prêts à imiter leur généreux dévouement; jurons de verser notre sang pour la Liberté et l’Indépendance, le Roi et la Patrie!

Tous les convives se sont levés spontanément, en s’écriant nous le jurons; onze coup de canon, et la musique a joué l’air de la chanson: Mourir pour sa Patrie!

Une infinité d’autres toasts patriotiques furent portés et bus avec le plus grand enthousiasme; les convives ne se sont levés de table, fort tard, que pour se disposer d’aller à la comédie.

Les amateurs du théâtre royal ont joué l’opéra de Zémire et Azor: Leurs Majestés, le Prince

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Royal et les Princesses Royales ont bien voulu honorer le peuple de la capitale de leur présence.

Lorsque Leurs Majestés et la Famille Royale se présentèrent dans leurs loges, elles furent accueillies par les plus vifs applaudissemens et par les cris de vive le Roi, vive la Reine, vive la Famille Royale.

Au sortir du spectacle il y eut un feu d’artifice sur la place du palais, ensuite un grand bal paré, où l’on a dansé, sans discontinuer, jusqu’au jour, où la Cour s’est retirée pour se délasser de ses plaisirs et de ses fatigues.

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Du 16 Août.

Grand Repas donné au Commerce étranger par Sa Grâce Monseigneur le Duc de la Marmelade, gouverneur de la Capitale, en son hôtel.

Dès quatre heures de l’après-midi, les convives étaient réunis à l’hôtel de sa grâce monseigneur le duc de la Marmelade, gouverneur du Cap-Henry; plusieurs dignitaires y avaient été invités; l’on y remarquait Leurs Excellences Mrs les comtes de Valière, d’Ennery et du Gros-Morne, commandeurs de l’Ordre royal et militaire de Saint Henry; Mrs les barons de Dupuy et de Vastey, secrétaires du Roi et membres du conseil privé ; Mrs de Domage et d’Ahtoine , chevaliers de Saint Henry, aides de camp de S. M.; M. le baron des Bois, sénéchal juge du Cap-Henry, et M. Filiatre, contrôleur des finances.

L’on remarquait parmi les négocians anglais Mrs Stafford, John Shoolbred, Thompson, Cutting, John White, Fullarton, Henry Bourne, Shabner, W. Mallett et Montgomery: parmi les négocians américains Mrs French, Beeseley et Myers; était aussi présent M. Struckmann, négociant de Bremen, et beaucoup d’autres étrangers.

Le repas était magnifique; les mets et les vins les plus exquis couvraient la table. A cinq heures les convives se mirent chacun à la place qui leur avait été désignée par les maîtres des cérémonies: après que la faim des convives fut appaisée, et qu’ils se furent échangé plusieurs verres de vins, le premier couvert fut enlevé; et il fut servi un dessert de toute beauté; toute espèce de confitures, des sucres diversement préparés et les plus beaux fruits du pays couvraient la table.

Lorsque les convives commencèrent à s’échauffer, les toasts suivant furent portés:

Au Roi d’Hayti: Puisse sa Dynastie régner éternellement sur le Peuple haytien!

Les toasts de la Reine, du Prince Royal et de la Famille Royale d’Hayti, furent portés immédiatement, et ensuite les suivans ont été portés:

Au Roi d’Angleterre, Georges III: Le victorieux, qui, avec l’aide et l’amour de ses Peuples, a vaincu tous les Ennemis de la Grande-Bretagne!

Au magnanime Prince Régent d’Angleterre: Puissent ses grandes et libérales pensées être favorables à la Liberté et à l’indépendance des Haytiens! et puisse-t-il, de tous les Souverains, faire le premier un grand acte d’humanité et de justice!

A l’Ami du Genre humain: A l’immortel Wilberforce, qui a embrassé et défendu la Cause la plus sublime et la plus juste qui ait jamais existé dans l’Univers, la cause de l’homme opprimé par l’homme son semblable, par l’injustice, la ruse et la force!

Au Président des Etats-Unis d’Amérique; Il n’y a pas long temps que les Américains étaient comme nous; ils sont devenus libres et indépendans par leur courage et les secours de leurs Alliés, puissent-ils être justes à notre 

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égard, et voir prospérer le Commerce des deux Pays!

Au Roi des Pay-Bas: Puissent les Relations Commerciales déjà existantes, s’augmenter entre les Sujets des deux Royaumes!

Au Roi de Prusse Frédéric Guillaume: Le digne Successeur des talens, des lumières et des Etats de Frédéric le Grand, et qui a su encore augmenter leur splendeur, après avoir vaincu ses ennemis.

A la Liberté et à l’Indépendance d’Hayti: Nos Ennemis comptent de pouvoir nous attaquer; nous les brûlerons comme le feu dévore la paille de nos cannes desséchées, et nous disperserons leurs cendres aux vents!

Ce toast a porté l’enthousiasme dans tous les cœurs; alors un des convives, M. White, officier de l’armée anglaise, s’est levé et a dit:

Messieurs, je suis anglais et habitué à exprimer librement mes sentimens; j’ai vu tous les souverains de l’Europe, les troupes de toutes les nations; j’ai observé les mœurs et les lois des peuples de tous les pays que j’ai visités, eh bien ! messieurs, je vous dis avec vérité, j’ai vu le roi d’Hayti à la tête de ses troupes, j’ai examiné la richesse des uniformes, la tenue et la discipline de l’armée haytienne; j’ai observé les mœurs et étudié les lois de ce pays; je n’ai point vu en Europe, de souverain qui représente mieux, de troupes mieux tenues ni mieux disciplinées, ni plus d’ordre, de régularité et de justice que dans ce royaume. Dans la situation où vous êtes vous ne pouvez craindre aucun ennemi, vous êtes invincibles!

Ce discours a été couvert d’applaudissemen, et M. White fut embrassé , et reçut les complimens de toute la société.

Le repas s’est prolongé fort loin dans la nuit; la plus grande gaieté a régné, et les convives haytiens étrangers se sort retiré avec la douce satisfaction de s’être donné mutuellement tous les témoignages d’estime, d’amitié et de bienveillance.

Il y a eu le soir cercle à la cour et grand concert au palais. Demain 17, Leurs Majestés monteront à cheval pour se rendre dans leur château de Plaisance de Tivoli, où elles passeront la journée; toutes les dames et cavaliers de la cour seront à cheval.

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PRIX COURANT DES DENREES.

Café — — — — — —8 cens la livre.

Coton — — — — — 16  gourdes le quintal.

Sucre brut — — — 7 gourdes dito.

Cacao  — — — —   6 cens la livre.

Mélasse — —- — — 50 cens la velte.

COMESTIBLES

Farine  — — —           14gourdes le baril.

Vin ronce — — — — —50 gourdes la barriq.

Hareng — — — —       6 gourdes le baril.

Bœuf salé — — — — —         14 gourdes dito.

Mantègue — — — — —         27 cens la livre.

Morue — — — —                  8 gourds le quintaL

Bacaya            — — — —      6 gourdes dito.

Chandelles— -— — — —       36 cens la livre.

Blanc de baleine— — — —    75 cens dito.

Savon— – — — — — —          20 cens la livre.

Bois equand pitchpin— —- —50 gourdes le millier.

Dito sap — — -— — —           35 gourdes dito.

Essentes de pitchpin— — —  7 gourdes dito.

Dito de sap — — — — —       4 gourdes dito.

Huile en tombeau — — —     12 gourdes.

Idem en panier ou caisse — —8 gourdes.

Idem de baleine— — — — — 2 g. 25 cens le galon.

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Au Cap-Henry, chez P. Roux, imprimeur du Roi.

 

1 Comment

  • Jean Constant on April 10, 2019

    Thoroughly fascinating. I have enjoyed reading.

21 Août 181624 Août 1816

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