22 Juillet 1813

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The fact that we have no known issues of the northern government’s newspaper dating from the time Christophe established his monarchy in March 1811 until July 1813, makes it difficult to speculate about when or why the epigraph might have changed to a quotation from Voltaire’s final play, Tancrède, to his 1742 tragedy, Mérope. Although it would be tempting to conclude, perhaps, that no earlier issues were published in 1813, we know that earlier issues of the Gazette Royale did appear in print because in his volume V of his Histoire d’Haiti, Thomas Madiou quotes from the January 4th 1813 issue of newspaper. Furthermore,  the present issue indicates that it is the seventh of the year, which tells us that there were six prior issues published in 1813. Moreover, this issue opens on page 25, indicating continuous pagination from earlier issues published in 1813. Nevertheless, the new epigraph reads in English translation, “The first to be king was a happy soldier/Who serves his country well does not need elders.” The first article of this issue describes “melodious songs and music” that accompanied the “fête” of King Henry Christophe, which had been celebrated yearly on the 15th of July, beginning in 1807.

*Provenance: American Antiquarian Society

[    N  U  M  É  R  O   7.    ]

G A Z E T T E    R O Y A L E    D’ H AY T I ,

Du Jeudi 22 Juillet 1813 , l’an dix de l’indépendance.

                                                                                               

Le premier qui fut Roi fut un soldat heureux.

Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux.

V o l t a i r e ,   Mérope.

                                                                                               

R O Y A U M E   D’ H A Y T I.

Du Cap-Henry , le 18 Juillet.

N o u s  donnons avec plaisir , à nos Lecteurs , les détails de la fête du roi , qui a été célébrée à Sans-Souci le 15 de Juillet.

Dès le 14 , les dignitaires et les principales autorités de la capitale et des quartiers circonvoisins , s’étaient rendus avec empressement à la ville de Sans-Souci , pour féliciter et présenter leurs hommages à sa très – grâcieuse Majesté.

Au soleil couchant , une salve d’artillerie annonça la solennité de la fête ; la nuit était claire et sereine ; la lune , belle et radieuse , réfléchissait ses rayons sur les édifices et sur les toits de la ville de Sans-Souci. La pureté de l’air , le calme répandu sur toute la nature , invitaient à se livrer aux délices de la promenade. Vers les minuit , un concert d’instrumens et de voix les plus harmonieuses se font entendre ; c’étaient MM. les principaux Dignitaires , avec M. Lapommeraye et ses musiciens , et M. le chevalier de Pétigny et sa troupe d’amateurs et d’amatrices qui célébraient la fête par des chans et les accords d’une musique mélodieuse et patriotique.

Dès l’aurore du 15 , le bruit du canon se fit entendre. MM. les Dignitaires et les Autorités , en grande tenue , les Grands Croix , Commandeurs , Chevaliers de l’Ordre royal et militaire de Saint-Henry , se rendirent au palais à sept heures , et furent introduits par ordre et selon leurs rangs , dans la salle du trône , par M. le baron de Sicard , grand maitre des cérémonies.

Son Excellence M. le Ministre des Finances s’est approché respectueusement de Sa Majesté , et au nom du Chevaliers de l’Ordre royal et militaire de S. Henry , a prononcé le discours suivant:

S  i  r  e ,

« Les Grands Croix , Commandeurs et Chevaliers de l’Ordre royal et militaire de Saint-Henry , réunis en cette solennelle occasion , fête du Patron de Votre Majesté royale , confor-

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mément aux Constitutions de l’Ordre , viennent exprimer à Votre Majesté , à leur Grand Maître , Souverain , et à leur auguste Fondateur , la vive satisfaction qu’ils éprouvent , et déposer à vos pieds les sentimens de leur cœur , leurs hommages , leurs vœux et leur amour !

»  Vos Chevaliers , Sire , sont fiers et orgueilleux des distinctions dont Votre Majesté a bien voulu les honorer ; ils apprécient tout ce que Votre Majesté a fait en leur faveur ; ils ont la noble présomption de croire qu’ils méritent cette éclatante marque de faveur , récompense dont vous avez daigné payer leurs services, puisque Votre Majesté , qui est elle-même si bon juge du mérite, les leur avait accordés. Vos Chevaliers ont fait tous leurs efforts pour mériter la continuation des bontés de Votre Majesté , et leur noble ambition sera toujours de les mériter de plus en plus.

Nous ne nous départirons jamais de l’obéissance dûe à Votre Majesté et à ceux qui commandent sous vos ordres ; nous défendrons et nous soutiendrons de tout notre pouvoir , envers et contre tous , les droits de Votre Majesté et ceux de sa couronne ; nous suivrons exactement les Statuts de l’Ordre ; nous nous comporterons comme de bons , de sages , de vertueux Chevaliers doivent le faire ; et si quelques traîtres ont violés leurs sermens , il n’existent plus parmi nous. Dans toutes les occasions , dans tous les temps , nous prouverons à nos amis , comme à nos ennemis , que nous sommes de dignes Chevaliers de Saint – Henry ; notre illustre Grand Maître sera toujours le noble modèle que nous nous efforcerons d’imiter ; sa valeur nous guidera dans les combats ; sous ses yeux nous multiplierons notre être ; et pourrions-nous craindre les tyrans , lorsque le favori de Mars guidera nos pas dans le sentier de l’honneur et dans le chemin de la victoire !

» Daignez , Sire , agréer nos félicitations et recevez , cher et bien-aimé Grand Maître , fondateur et auguste Souverain , pour bouquet que nous vous offrons , les vœux que nous adressons au ciel pour la conservation de vos jours précieux , pour ceux de notre vertueuse Souveraine , ceux de votre bien-amié Fils et votre Famille royale !

» Nous allons prier le Dieu des armées de répandre ses bénédictions sur les Personnes sacrés de Leurs Majestés , sur la Famille royale , sur le Royaume et sur le Peuple haytien ! »

Vive le Roi !

Vive la Reine !

Vive le Prince royal !

Vive les Princesses royales !

Vive la Famille royale !

Sa Majesté a répondu par l’organe de S. E. M. le comte de Richeplaine , en l’absence du Chancelier :

«  Nous venons d’entendre avec intérêt le discours que vous venez de nous adresser ; les sentimens que vous manifestez et les expressions dont vous vous servez , confirment votre attachement à notre Personne et à notre Famille royale.

» Vous êtes fiers et orgueilleux des distinctions éminentes dont nous vous avons revêtus ; en effet , vous avez lieu de l’être , car ce sont les marques des récompenses données au courage et à la vertu ; mais songez que ces honneurs et ces marques de distinctions vous imposent aussi de grandes obligations ; et ce n’est pas tout de les avoir mérités par une conduite sans tache et de belles actions , il faut encore continuer et persévérer dans les mêmes sentimens d’honneur et de sagesse , pour vous en rendre dignes de plus en plus.

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Nous nous plaisons à croire , que vous serez toujours les dignes enfans d’Henry , et vous marcherez sur les traces de l’antique Chevalerie ; vous saurez , comme ces braves , vous distinguer par des services éminens rendus à l’état ; l’honneur , la religion , la fidélité , seront toujours la base de votre conduite et de vos actions ; modestes comme ces anciens Chevaliers , le salut de votre pays et la gloire du prince feront votre unique pensée ; sans ambition , comme sans intrigues , vous donnerez toujours l’exemple de la bravoure , de la fidélité , et d’une vie pure et sans reproches.

» Tels étaient ces braves et vaillans Chevaliers ; voyez les vertus de Bayard durant sa vie ; voyez le expirant sur le champ de bataille , la face tournée vers l’ennemi ; il meurt glorieusement pour son roi et son pays ; quel beau modèle pour vous ! quelle belle vie ! quelle fin plus honorable pouvez-vous espérer !

» Grands Croix, Commandeurs, Chevaliers, soyez toujours fidèle et exacts observateurs des Statuts de notre Ordre ; vous avez juré par nos institutions de vous dévouer à notre service envers et contre tous , de soutenir de tout votre pouvoir notre honneur , notre autorité , nos droits et notre couronne ; remplissez vos sermens pour le bonheur de notre commune patrie.

» Ecoutez notre voix paternelle , c’est la voix de l’expérience , c’est votre roi qui vous en conjure ; pénétrez-vous de vos devoirs , si vous voulez être heureux et mériter notre confiance ; songez que ce n’est que par des actions d’éclat que vous pourrez vous illustrer ; ce n’est que par une conduite irréprochable et dans la pratique des vertus civiles et guerrières que vous vous rendrez recommandables ; pour nous , vous nous verrez toujours vous donner l’exemple du devoir ; vous nous verrez prêt à sacrifier tous les instans de notre vie pour la gloire et le bonheur de notre peuple ; secondez nous dans nos nobles projets , comme de bons , de sages et vertueux Chevaliers.

» Nous agréons les vœux que vous formez pour notre prospérité , pour notre famille et pour notre royaume ; recevez nos bénédictions royales , que nous vous donnons du plus profond de notre cœur. »

Après la cérémonie , Sa Majesté s’est mise en marche pour aller entendre la messe à l’église royale et paroissiale de Sans-Souci. Le cortége a défilé dans l’ordre suivant :

Les hérauts d’armes et les huissiers du palais.

Un officier supérieur portant l’étendard royal, escortés par deux colonels.

Le grand écuyer portant l’épée royale dans le fourreau de velours bleu de ciel , et parsémé d’étoiles d’or , avec le baudrier de même étoffe.

Sa Majesté le Roi , revêtu du grand uniforme de son régiment des gardes haytiennes , et décoré du collier et de la grande croix de l’Ordre royal et militaire de Saint-Henry. Aux côtés de Sa Majesté , deux sous-lieutenans de ses gardes du corps et des chevau-légers.

MM. les Princes , les Ducs , les Ministres , les Comtes , les Barons.

MM. les Chevaliers de Saint-Henry , selon l’ordre de leur nomination ; sur les ailes du cortége , les troupes de la maison militaire du roi , MM. les Gardes du Corps, de l’Artillerie royale , les Chevau-Légers , les Gardes haytiennes. Ces troupes en grand uniforme.

Une salve d’artillerie a annoncé le départ de Sa Majesté de son palais.

Sa Majesté a été reçue à la porte de l’église royale et paroissiale , par sa grâce monseigneur le duc l’Anse , achevêque d’Hayti , grand aumônier du roi , qui a présenté l’eau bénite à Sa Majesté, et l’a conduite jusque à son haut dais.

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L’église était remplie d’une affluence d’habitans. L’on était frappé de la représentation majestueuse et imposante de notre auguste Souverain , dont la noble et mâle physionomie attirait tous les regards par cet ascendant irrésistible qu’inspirent les génies supérieurs ; et certes nous le disons avec assurance , nul Souverain ne représente avec plus de dignité. Combien le peuple a été édifié de voir notre auguste Monarque , abaisser devant la majesté du Très-Haut , du Dieu des armées , ce front couvert de gloire , sur lequel sont empreintes tant de grandes pensées , pour le bonheur de son peuple ! Avec quel recueillement et qu’elle extase , et qu’elle dévotion le peuple n’a-t-il pas prié pour son héros , son père et son protecteur !

La messe terminée , Sa Majesté a été reconduite de la même manière , par S. E. Monseigneur le duc de l’Anse , et S. Majesté a retourné dans son palais dans le même ordre qu’elle en était sortie. Tout le peuple s’empressait pour jouir de la satisfaction de la contempler.

M. le Grand Maître des Cérémonies retint MM. les Dignitaires , les Chevaliers et les différentes Autorités , au déjeûner où Sa Majesté les avait invités.

Sa Majesté a présidé la table des Chevaliers. La satisfaction et la joie brillaient dans ses regards. C’était la vive image du père de famille au milieu de ses enfans. MM. les Chevaliers ont d’autant mieux senti la justesse de cette comparaison , par l’air Où peut-on être mieux , qu’au sein de sa famille , que la musique a exécuté au commencement du repas.

Au dessert , S. A. R. Monseigneur le prince Noël porta une santé , et s’exprima ainsi :

Au premier Monarque couronné du Nouveau Monde ! A l’illustre Grand Maître et Fondateur de l’Ordre royal et militaire de Saint Henry !

Ce toast est couvert de vifs applaudissemens.

Sa Majesté daigne y répondre par celui-ci : Aux Grands Croix , Commandeurs et Chevaliers de Saint-Henry ! Puissent-ils suivre éternellement les principes de leur institution !

Les applaudissemens se font pareillement entendre dans toutes les parties de la salle.

S. A. R. Monseigneur le prince Jean , grand amiral , porta la santé de notre auguste Reine.

S. A. S. Monseigneur le prince du Limbé , ministre de la guerre et de la marine , celle du Prince royal.

A cette santé , le Roi daigna dire qu’il buvait à celle de son Lieutenant des chevau-légers du Prince royal , Sa Majesté étant le Capitaine de ce corps.

Monseigneur l’Archevêque porta la santé de L. A. R. Madame Première et Madame Athénaïs.

Et Monseigneur le duc de Fort-Royal, celle de la Famille royale.

Chacun de ces toasts et santés ont été salués par l’artillerie , et des airs et fanfares.

Le soir il y eut une illumination générale , et un bal au palais de Leurs Majestés , où furent admis les Dignitaires et Chevaliers de Saint-Henry.

C’est ainsi que cette mémorable journée a été célébrée , et la grandeur et la sublimité du tableau dont nous avons été témoins , nous ont inspirés les sensations les plus délicieuses ; et nous sommes persuadés que nos concitoyens éprouveront les mêmes sentimens.

                                                                                                                                                           

Au Cap-Henry , chez P.  R o u x , imprimeur du Roi.

17 Janvier 181126 Juillet 1813

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