25 Janvier 1816

About This Publication

Citing a French publication called, L’Aristarque Français, itself having reprinted a newspaper article from Boston dated 16 October 1815, we learn that an alleged attempt had been made on the life of President Alexandre Pétion. Evidently, the identity of the leader of the “plot had been discovered” on the very day on which the assassination was supposed to occur, resulting in the immediate execution of the conspirator.  Another article from a Parisian periodical called QuotidienneJournal de Paris, claimed that Henry Christophe had sent General Lapaix to Hambourg in September 1815 in order to open diplomatic relations with Germany. The article read: “For some time now a negro General, named Lapaix, that Christophe [the King] had sent from St. Domingue [from Hayti] has been staying in our city. He calls himself a minister of Hayti, but we do not yet know the true goal of his mission; another agent of Christophe is currently to be found in London, but he has not been recognized by the British government, and it is likely that our Senate will not judge it appropriate to here recognize a Haitian consul.” The author of this piece in the Gazette subsequently denies that Lapaix was in Hambourg in order to establish diplomatic formalities (suggesting instead that Lapaix traveled to Germany merely to accompany his wife back to Haiti), reiterating the common refrain of the kingdom’s writers that Christophe would never negotiate with foreign heads of states without the “precondition” of recognition of Haiti’s independence. A subsequent article entitled, “Reflections on the Abolition of the Trade of Slaves” praises the allied powers of Europe, including Germany, Russia, and Great Britain, for pressuring the French king to abolish the international slave trade in France, which had succeeded with the treaty of Paris, signed in May 1814.

*Provenance: American Philosophical Society

 

GAZETTE ROYALE D’HAYTI

 Du 25 Janvier 1816, treizième année de l’indépendance

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 L’Union fait la Force

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Du cap Henry, le 24 Janvier 1816, an 13.

Leurs Majestés le Roi et la Reine, la Famille Royale, accompagnées d’une cour nombreuse et brillante, étaient allé [inkblot] de  Bellevue le-Roi pour fêter le jour des [inkblot] : LL. MM. retournèrent le lundi 15 au palais de Sans Souci; elles furent accueillies par les acclamations du peuple et au bruit de l’artillerie de la place.

Par l’arrivée des navires anglais le Killembeck, le Brillant, le James et le William, nous avons reçu les journaux de Londres et beaucoup de papiers français qui contiennent des nouvelles intéressantes, que nous nous empresserons de donner au public successivement.

Ces bâtimens ont apporté beaucoup d’articles d’habillement et d’équipement pour l’aimée, et une infinité de marchandises et d’objets de luxe.

Il est arrivé de Londres au Cap Henry un gentilhomme noir, M. Prince Saunders, S. M. étant instruite de son arrivée, et qu’il était porteur de lettres de recommandation d’illustres personnages de Londres; ordonna l’envoi d’un carosse [sic] de la cour et dépêcha un de ses écuyers pour accompagner M. Prince Saunders du Cap-Henry au palais de Sans-Souci.

Le bruit circulé en ville que ce gentilhomme est porteur de nouvelles très-importantes.

Nous avons maintenant la certitude que nos amis de Londres sont parfaitement instruits et qu’ils ont des preuves que Pétion entretient une correspondance criminelle avec les ex-colons.

Nous avons appris aussi d’autres sources, que le neveu de Pétion, Méroné, était enfermé dans la maison des fous à Londres, étant attaqué d’une folie furieuse; nous sommes très-curieux de savoir que sont devenus les autres missionnaires que Pétion a envoyés en France pour intriguer avec les ex-colons!

On lit dans l’Aristarque Français, gazette de France, du Dimanche 10 Novembre, la nouvelle suivante, sous la date de Boston du 16 Octobre:

Le capitaine Flayd, arrivé du Port-au-Prince, rapporte qu’un complot y avait été tramé contre la vie du Président Pétion, mais que le chef des conspirateurs a été découvert, jugé et fusillé le jour même où Pétion devait être assassiné.

Cette nouvelle est positive; depuis que la portion du peuple qui gémisse sous Je joug de Pétion s’est apperçu de sa trahison et de sa monstrueuse perfidie; plusieurs tentatives héroïques ont été faites pour se défaire de ce traître, mais malheureusement les braves et généreux haytiens qui se sont dévoués pour la délivrance de leur pays ont manqué leur coup par trop de précipitation; plusieurs d’entr’eux ont été les victimes de leur dévouement et sacrifiés à la vengeance de Pétion; mais il a beau faire, un peu plutôt ou plus tard, il recevra le châtiment dû à ses nombreux forfaits.

Des militaires du 14e Régiment qui avaient été entraînés dans l’erreur, viennent de se rendre, sortant du Port au-Prince, avec armes et bagages; S. M. notre auguste et bien aimé Souverain les a accueillis avec bonté, et a ordonné qu’ils fussent habillés et renvoyés dans leurs corps pour reprendre leur service accoutumé.

Ces militaires rapportent, qu’une insurrection s’était éclatée contre Pétion dans la paroisse de la Croix-des-Bouquets, au Fond Verrettes, et que les amis de la liberté et de l’indépendance s’étaient emparés des montagnes, appellées le pays Pourris, jusqu’au Sale-Trou.

Pétion a été obligé d’envoyer des forces dans le Sud, pour comprimer cette province, qui est toujours prête à se soulever contre ses vexations; cet homme perfide craint tellement la vérité, qu’il fait tous ses efforts pour empêcher toutes espèces de communication avec nous; quiconque ose élever la voix pour la faire entendre, le mulâtre aux mœurs douces [c’est ainsi que les ex-colons appellent Pétion]  le fait prendre et fusiller sur-le-champ; il brûle nos papiers qui tombent dans ses mains sans miséricorde; les ex-colons français, ses partisans, dans les îles, à la Jamaïque, à St-Thomas et à Londres même, interceptent nos lettres et nos papiers; tant il est vrai que le génie du mal craint la lumière et vit dans les ténèbres; Pétion redoute cette terrible vérité qui dévoile aux yeux des moins clairvoyans sa trahison, sa turpitude et sa méchanceté! il aura beau les intercepter, la la vérité percera toujours malgré ses efforts.

On lit dans la Quotidienne, Journal de Paris du vendredi 6 Octobre 1815, l’article suivant, fait sous la rubrique de Hambourg du 26 Septembre.

Les journaux de cette ville publient un Manifeste de Henry Roi d’Hayti, dans lequel on trouve un précis historique des opérations de Toussaint Louverture, d’Hédouviile, de Leclerc et Rochambeau, etc. Henry Ier exprime [dit le journaliste] quelques sentimens pacifiques pour la France.

Lorsque S.M. Henry Ier, notre auguste et bien- aimé Souverain, a publié son manifeste, nous y avons lu sa résolution de maintenir ses droits, et elle a fait éclater sa juste indignation sur les hor-

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reurs de tous genres que nous avons éprouvés des français; mais personne n’a pu y trouver quelques sentimens pacifiques pour la France; est-ce pour les maux incalculables dont elle nous a comblés. Et qu’elle aurait déjà renouvellés, s’il était à son pouvoir de le faire, que nous lui conservions quelques sentimens pacifiques?

Un autre article du Journal de Paris, daté des bords du Mein, le 29 Septembre, est ainsi conçu:

« Une lettre de Hambourg, en date du 23 Septembre, nous fournit les détails suivants:

« Depuis peu nous voyons séjourner ici un général nègre, nommé Lapaix, que Christophe [le Roi] a envoyé de S–Domingue [d’Hayti] dans notre ville, il se qualifie de ministre d’Hayti, on ne connaît pas encore le véritable but de sa mission; un autre agent de Christophe, se trouve actuellement à Londres, mais il n’est pas reconnu par le gouvernement anglais , et il est probable que notre Sénat ne jugera pas à propos de reconnaître ici un consul haytien».

Certes, les hambourgeois qui commercent avec nous sont nos amis; ils doivent se rappeller trop bien de la manière qu’ils ont été traités par Davoust, pour écrite de pareilles sottises; cette lettre insolente, écrite par un français ou fabriquée à Paris mérite d’être répondue; c’est ce que nous ferons en un peu de mots.

M. Lapaix a été à Hambourg, avec la permission de notre auguste Souverain, pour y aller chercher sa femme, de nation allemande; par un sentiment de générosité et de bienfaisance que Sa Majesté porte naturellement à tous les haytiens, elle a ordonné de procurer des moyens à M. Lapaix pour faire son voyage; il a été à Hambourg comme particulier; il a dû et n’a pu se montrer que comme tel; il est maintenant au Cap Henry avec sa femme, étant de retour de son voyage: au surplus, qu’avons-nous encore besoin d’envoyer des consuls, ni des agens dans l’étranger? Notre auguste monarque connaît trop bien la dignité de sa [illegible] pour envoyer à Hambourg, ni ailleurs aucuns agens quelconques, sans avoir eu préalablement la conviction intime qu’ils y seront reçus et accueillis honorablement, comme doivent l’être les ministres d’un souverain qui a su mériter l’estime du monde entier par ses vertus, sa loyauté, son grand caractère, et qui peut faire respecter ses droits et l’indépendance de son royaume, par la force de ses armes!

Nous, avons des relations commerciales avec les puissances amies du royaume; leurs pavillons flottent dans nos ports; leurs sujets ont leurs comptoirs établis dans nos villes, leurs personnes et leurs propriétés sont sous la protection de nos lois; nous sommes chez nous, nous sommes indépendans de droit et de fait! Qui peut donc nous engager de faire des démarches prématurées qui pourraient nous avilir? Notre indépendance est dans nos mains, elle brille comme les rayons du soleil qui nous éclaire, bien aveugle qui ne la voit pas!!!

Des nouvelles de Paris annoncent les conditions du traité des puissances alliées avec la France, cette dernière paye aux alliées 270 millions par an, pendant cinq ans, et la France sera occupée pendant ce temps par une armée de 150,000 hommes des troupes alliées commandées par M. le Maréchal Duc Wellington; pour garantie de l’exécution du traité, les alliées occuperont 15 des principales places fortes; la France a fait aussi quelques cessions de son territoire aux puissances alliées.

Par un article additionnel au traité de paix, Sa Majesté Très-Chrétienne, a enfin accédé aux vœux des puissances alliées, en consentant à l’abolition de la traite; ce trafic de sang et de chair humaine! cet acte d’humanité et de justice, il est vrai, est un peu tard, mais il vaut mieux tard que jamais!!

Rendons des actions de grâces au magnanimes et illustres Souverains de la Grande-Bretagne, de la Russie et d’Allemagne, qui ont exigé l’abolition de la traite! Gloire et honneur soient à jamais rendus au brave et loyal peuple britannique, et aux philanthropes de tous les pays qui ont contribué à opérer ce grand œuvre, qui contribuera au bonheur du genre humain!

Dans la gazette de France du lundi 2 Octobre, on lit la nouvelle suivante, fabriquée à Paris, sous la dictée d’un ex colon.

Nous apprenons avec peine, par ces mêmes papiers, que la bonne intelligence qui existait entre les deux chefs de St-Domingue, lorsqu’ils se croyaient menacés d’une attaque de la part de la France, n’a pas été de longue durée; ils sont à présent plus animés que jamais l’un contre l’autre; il s’est déjà livré entr’eux de sanglans combats, dont les succès ont été partagés; mais sur le tout, il paraît que la fortune penche du côté du Roi Henry Christophe, dont l’armée victorieuse était, suivant les derniers rapports, à cinq lieues du Port-au-Prince, et avait juré d’emporter d’assaut cette Capitale, ou de s’ensevelir sous ses murs. Le président Pétion avait fait, de son côté, d’immenses préparatifs pour repousser l’attaque, et l’on s’attendait à chaque instant à une action décisive. Ces nouvelles avaient été apportées à New Yorck par un bâtiment arrivé des Cayes en dix-huit jours.

Et nous nous annonçons avec une grande joie, qu’il n’y a rien de plus faux que ces batailles sanglantes, inventées et livrées que dans l’imagination des ex-colons, qui ne respirent que la destruction des haytiens; depuis près de trois ans nous n’avons pas tiré un seul coup de fusil; ce n’est pas faute que Pétion leur coryphée et leur agent, a fait tous ses efforts pour exécuter le plan favori des français de nous faire détruire les uns par les autres [1] ; ce n’est pas faute qu’il nous ait provoqué de toutes les manières par des insultes et des agressions de tout genre, pour nous entraîner à faire des opérations hostiles, où le sang haytien aurait encore coulé, où la mort de quelques braves de part et d’autre aurait été un sujet de joie et de triomphe pour nos implacables ennemis les ex-colons. Mais heureusement, le Roi sage qui nous gouverne a évité ses pièges, et a déjoué ses perfides complots; il a prouvé au monde, par sa sagesse, sa patience et sa modération, que de son côté, la réunion des haytiens pouvait avoir lieu sans secousse violente, sans effusion de sang, sans tirer un seul coup de fusil!

Nous pouvons cicatriser les plaies affreuses de la guerre civile, faire disparaître successivement tous les obstacles qui s’opposent à notre réunion et à notre bonheur; sans être réduits à la cruelle nécessité de tremper nos mains dans notre propre sang, nous voulons la conversion et non la mort; réservons nos forces pour combattre les odieux colons, nos éternels ennemis, à qui nous avons voué une haine implacable, et cherchons tous les moyens pour éclairer nos frères sur leur aveuglément, pour les ramener à leurs vrais intérêts et à leur propre cause sans les maltraiter; les bienfaits dilatent le cœur de l’homme et les injustices le resserrent; la vengeance éternise les querelles, les dissentions et les haines; au lieu que l’oubli des torts, la modération, l’humanité, la fraternité et la charité les éteignent; soyons donc sages et généreux, persévérons à faire le bien, nous réussirons à atteindre le but glorieux que nous nous proposons, le bonheur général et la félicité de tous; sous un roi sage, juste, bon et généreux, tout est possible; ne

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                                  [1] Lisez toutes les proclamations de Pétion, les paroles et les écrits des français ses complices;                                                 chacun pourra se convaincre de ces grandes vérités; ils se sont toujours exprimés librement, sans                                        cacher leur affreux sentiments!

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Nous écartons pas de la marche qu’il nous a tracée, suivons sa dévise: Dieu, ma cause et mon épée; I°. observons les commandemens de Dieu, aimons notre prochain comme nous mêmes, et ne faisons pas à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fût fait; 2.°discutons notre cause par la justice et la raison; 3°. ne défendons nos droits par;l’épée, qu’après avoir épuisés les moyens de sagesse et de justice.

Des Cayes, le 2 Janvier 1816.

Une lettre de cette ville nous annonce qu’il y avait eu de mouillé en rade trois navires bordelais, sous pavillon blanc, dont un avait fait naufrage dans la baye des flamands, dans le dernier coup de temps; beaucoup de blancs français sont arrivés aux Cayes et à Jacmel, où ils comptent s’établir; ceux de cette nation qui sont à Saint-Thomas comptent aussi de venir s’établir au Portais Prince, où ils seront sous la protection de Pétion.

Des personnes arrivant de Jacmel nous annoncent que plusieurs négocians français s’étaient établis dans cette ville, qu’une insurrection contre Pétion avait éclatée dans les environs du Sale-Trou, que le colonel Louis Mosambique et un antre officier avaient été fusillés par ordre de Pétion, pour avoir voulu s’opposer à rétablissement des blancs français. Cet infortuné officier a eu la tête tranchée et exposée sur un piquet au rivage de la mer; ce crime a été et commis le 25 Décembre de l’année expirée.

Il est très-malheureux que ces braves officiers se sont laissés emporter par un excès de zèle; ils auraient dû attendre que tous les ex-colons français se fussent réunis autour de Pétion, laisser les choses atteindre leur point de maturité, avant de faire une levée de bouclier en masse et de les exterminer. Respectons et protégeons nos amis, nous les connaissons; mais lorsque ces fléaux de notre patrie, les ex-colons français, osent souiller de leurs pieds sacrilèges notre territoire, nous devons bien prendra nos mesures pour les immoler sans pitié. Qu’ils viennent donc se réfugier tant qu’ils voudront, auprès de Pétion, nous les envelopperons d’un seul coup de filet.

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REFLEXIONS

Sur l’Abolition de la Traite des Noirs.

Parmis les grands événemens qui vont illustrer les fastes du 19e siècle l’abolition de la traite des noirs, cet odieux trafic de crime et de sang, doit occuper la première place dans l’histoire, et les noms des hommes généreux qui l’ont provoqué, passeront à l’immortalité comme les bienfaiteurs du genre humain!

Dieu, dont la sagesse infinie gouverne les choses d’ici bas par des voies qui nous sont inconnues, pour parvenir à ses fins suscita cette terrible révolution qui devait ébranler l’univers;

il appesantit sa main puissante sur les souverains et les peuples, pour les punir de leur aveuglement; les nôtres les mieux affermis furent renversés, d’autres en dangers, les souverains furent captifs ou obligés de fuir dans l’exil, le chef de la catholicité ne fut point exempt. L’Europe, oppresseur de l’Afrique et de l’Amérique, se vit à son tour couvert de crimes et inondés du sang de ses propres enfans.

De cette révolution, terrible suscitée par la divine Providence, entreprise par les hommes sous d’autres desseins, qu’en est-il résulté? La libération des peuples!

Lorsque la coalisation française agissait avec tant d’ardeur pour la ruine de l’Angleterre, ce serait-elle jamais imaginé qu’elle n’était que l’instrument de sa gloire et de sa prospérité? L’arbitré suprême de l’univers avait arrêté dans ses décrets immuables, que la nation puissante et généreuse qui devait arrêter dans sa course le torrent dévastateur de l’Europe, et la sauver des bords du précipice, devait être aussi la première à tendre une main secourable et protectrice aux peuples opprimés, de l’Afrique et de l’Amérique.

La noble et généreuse Angleterre, par la sagesse de son gouvernement, est devenue la médiatrice du modelé et le lien commun qui doit unir tous les peuples!

Aussi, cette grande nation jouit-elle d’une gloire immortelle pour prix des services qu’elle a rendus au genre humain, tandis que les autres nations qui ont persévéré à fermer leurs cœurs à la justice et à l’humanité, sont frappés des signes de dégénération, et les calamités de tous genres affligent leurs pays.

Que d’actions de grâces ne devons nous pas eux magnanimes et illustres souverains d’Angleterre, de Russie et d’Allemagne, pour avoir exigé l’abolition de la traite.

Que de sentimens de reconnaissance que tout homme de la race noire doit avoir pour ces vénérables et illustres philanthropes de l’institution africaine; jamais société ne s’est vouée à la défense d’une cause plus sainte et plus juste; jamais de vrais chrétiens n’ont défendu avec plus de charité, de bienfaisance, de zèle et d’ardeur la cause de l’humanité, celle de l’homme comme l’ont fait nos illustres protecteurs; que de crimes et de forfaits vont être bannis sur la terre, par l’intervention, les veilles et les travaux de ces hommes généreux; l’Afrique désolée, ne verra plus enlever de ses rivages ses infortunés enfans; ils ne seront plus arrachés des bras de leur famille par toutes sortes d’artifices et de crimes, pour être plongés dans un perpétuel esclavage sur un soi étranger! les Brokes ces monstrueux navires négriers n’existeront plus! nous ne verrons plus ces réceptacles de crimes, dont l’aspect fait horreur et parle à nos cœurs, plus que pourrait le faire le livre le plus éloquent! nos frères, ne seront plus entassés dans ces cachots ambulans, chargés de chaînes, abreuvés dans la douleur… Je m’arrêt… J’ai besoin de respirer… une foule de sentimens d’indignation, de pitié et de reconnaissance font couler mes larmes! Hommes bienfaisans! Hommes vertueux! continuez la tâche que vous avez si glorieusement entreprise, vous portez dans vos coeurs la récompense de vos bonnes actions.

Une nouvelle ère s’élève pour l’Afrique, sous l’égide protectrice des philanthropes, ses habitans pourront respirer dans le sein de leur patrie l’air pur de la liberté; ils pourront jouir des douceurs et des avantages de la civilisation en se livrant à la culture des terres, au commerce, aux sciences et aux arts; nous espérons qu’ils feront revivre par leurs travaux le souvenir de nos illustres ancêtres.

Dans la marche irrésistible des événemens de ce monde, tout retrace l’instabilité des choses humaines, des empires s’élèvent, d’autres s’écroulent, les lumières suivent l’impulsion des révolutions et parcourent successivement la surface du globe; la Grèce, les Gaules, la Germanie, n’ont pas toujours été les foyers des lumières; nos détracteurs feignent d’oublier ce qu’éiaient les égyptiens et éthiopiens, nos ancêtres; le Tharaca de l’écriture, ce puissant monarque qui faisait trembler les assyriens, vint de l’intérieur de l’Afrique jusqu’aux colonnes d’Hercule; les restes qui attestent leurs travaux existent, le témoignage d’Hérodote, de Strabon et d’autres historiens de l’antiquité confirment ces faits; des preuves bien plus récentes déposent en notre faveur, et nos ennemis par une insigne mauvaise foi feignent de douter, pour conserver l’odieux privilège de torturer et de persécuter à leur gré une partie du genre humain.

Ces faux chrétiens, ennemis de dieu et de l’hu-

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manité, disent que nous sommes, inférieurs aux blancs; plusieurs d’entr’eux ont eu l’impiété de nier l’identité de l’espèce humaine, et ils ont eu l’absurdité d’affirmer que nous sommes au niveau de la brute, privé des facultés morales et intellectuelles.

Nos amis, les vrais chrétiens, soutiennent que nous sommes pourvus de l’intellect, que nos capacités sont bonnes, et qu’elles seraient égales à celles des européens, si nous avions les mêmes avantages; ils nous considèrent comme leurs frères; car dieu a fait naître d’un seul sang tout le genre humain pour habiter sur toute l’étendue de la terre.

Il nous est tres-aisé de répondre à nos détracteurs, et de prouver la vérité des assertions de nos protecteurs. Dans tous les âges du monde, il a existé des impies et des sophistes, des pyrrhoriens niaient aussi l’existence de dieu et du mouvement, pour leur répondre, les philosophes n’avaient besoin que de changer de place; nous pouvons faire de même et répondre à nos ennemis aussi victorieusement.

Livrons-nous à la culture des lettres, des sciences et des arts qui développent l’intellect; nourrissons nos coeurs des principes de morale et de sagesse; redoublons de zèle et d’ardeur pour détruire les calomnies, dissiper les préventions qui planent sur nous; bientôt, par nos généreux efforts, nous aurons comme les autres nations notre panthéon, nos héros, nos législateurs, nos historiens, nos poètes, nos peintres, nos sculpteurs et nos savans.

Placés par la divine Providence dans une situation et dans des circonstances plus favorables que nos ancêtres, nous pouvons plus facilement qu’eux nous élancer rapidement dans la carrière de la civilisation; ayons donc toujours devant les yeux que nous sommes les élus que Dieu a choisis parmi tant d’autres de nos fières qui gémissent dans la servitude, pour manifester aux hommes, par des exemples vivans, que les noirs comme les blancs sont les œuvres de ses mains et de sa toute puissance.

Pénétrons-nous que nous travaillons pour le bonheur de l’espèce humaine en général, pour les noirs comme pour les blancs, car nous sommes tous fières; songeons que le sang africain coule dans nos veines, et que nous sommes obligés de faire les plus grands efforts pour vivre dans le grand art de la société, et que nos progrès plus ou moins, influeront sur l’opinion que les européens doivent concevoir de nous!

Pénétrons nous que nous sommes encore environnés d’écueils; qu’il n’est point d’intrigues, de moyens et de d’artifices que les ex-colons français ou leurs partisans n’emploiront pour empêcher le vaisseau de la liberté et de l’indépendance de naviguer vers le port; il n’est point de ruses et d’abominations, qu’ils n’emploiront pour entraver sa marche. O crime horrible! ils n’ont pas eu honte de proposer d’envoyer des prêtres catholiques, apostoliques et romains , pour séduire, sous le manteau respectable de la religion, notre population, afin de la plonger par gradation dans les horreurs de l’esclavage! O abomination! O sacrilège! Des ministres d’un dieu de paix et de charité ont osé servir d’instrumens aux passions, à la vengeance et à la barbarie des ex-colons français ! !

Descendans des africains, mes frères, les amis de l’humanité ont affirmé que nous étions susceptibles de nous avancer comme les blancs; nos détracteurs allument le contraire; c’est à nous de trancher la question; c’est par la sagesse de notre conduite, nos succès dans les sciences et les arts que nous assurerons le triomphe de nos respectables et illustres protecteurs; et que nous confonderons pour jamais la malice et les assertions mensongères de nos implacables ennemis.

Dieu nous a accordé tout ce qu’il faut pour exécuter ce généreux dessein, en nous rendant

libres et indépendans, et en nous donnant un Roi, sage et généreux, qui veille constamment à pourvoir à nos besoins; nous connaissons ses grandes intentions; il nous les a toujours manifestées, ce qu’il a déjà effectué est le sûr garant de ce qu’il peut faire pour le bonheur et la gloire du peuple; eh! que n’aurait-il pas fait, s’il eut été secondé par la généralité des haytiens? Pourquoi faut il qu’une portion de nos compatriotes se soit laissé entraîner dans l’erreur par la séduction d’un hypocrite ,d’un traître, gagné par les ex-colons, qui travaille à démoraliser la nation pour la faire servir la cause de nos tyrans, et afin de parvenir à la plonger dans un abîme de maux? Cette idée nous fait saigner le coeur et remplit nos âmes d’amertume; espérons que nos frères reconnaîtront leurs erreurs, ils reviendront à leurs véritables intérêts, pour travailler avec nous à faire triompher la grande cause de l’humanité et de la religion.

En terminant nos réflexions sur l’abolition de la traite des noirs, nous nous faisons un devoir de consacrer ici les noms des illustres membres de I institution africaine, qui ont le plus contribué à l’abolition de ce trafic inhumain de crimes et de sang! c’est un faible hommage que nous rendons à leurs immortels travaux! Puisse les noms de ces hommes généreux et bienfaisans être gravés dans le cœur des haytiens, se perpétuer d’âge en âge, dans le souvenir de nos enfans et de notre postérité la plus reculée!

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PATRON ET PRESIDENT.

SON ALTESSE ROYALE LE DUC DE GLOUCESTER.

V I C E S – P R E S I D E N S.

Sa Grâce L’ARCHEVÊQUE de CANTERBURY.

Le Plus-Honorable MARQUIS de LANSDOWNE.

Le Très-Honorable COMTE de BRISTOL.

Le Très-Honorable COMTE SPENCER.

Le Très-Honorable COMTE GROSVENOR.

Le Très-Honorable COMTE de ROSSLYN.

Le Très-Honorable COMTE GREY.

Le Très-Honorable COMTE MOIRA.

Le Très-Honorable COMTE de SILKIRK.

Le Très-Honorable COMTE de CALEDON.

Le Très-Honorable VICOMTE MILTON.

Le Très-Honorable VICOMTE VALENTIA.

Le Lord évêque, de DURHAM.

Le Lord évêque de BATH et WELLS.

Le Lord évêque de St DAVID’S.

Très-Honorable LORD HOLLAND.

Très-Honorable LORD GRENVILLE.

Très-Honorable LORD CALTHORP.

Très-Honorable LORD ERSKINE.

Très-Honorable LORD GAMBTER.

Très-Honorable LORD HEADLEY.

Très-Honorable LORD TEIGNMOUTH.

Très-Honorable GEORGE CANNING , M. P.

Très-Honorable J.C. VILLIERS.

Très-Honorable NICHOLAS VANSITTART, M. P.

Le chevalier SAMUEL ROMILLY, M.-P.

WILLIAM WILBERFORCE, écuyer, M.P.

DIRECTEURS.

L’honorable cap. F. P. IRBY, R. N.

  1. HENRY H TAPE, écuyer

L’honorable GEORGE VERNON.

FRANCIS HORNER, écuyer, M. P.

Le chevalier THOMAS BERNARD, BART.

ZACHARY MACAULAY, écuy.

Le chevalier JOHN CRADOCK, K. B.

MATTHEW MARTIN, écuyer.

Le chev. JAMES MACKINTOSH, M. P.

J B, S. MORRITT, écuyer, M. P.

Le chev. ROBERT WILSON.

CHARLES PIESCHELL, écuyer.

WILLIAM ALLEN, écuyer.

W.M. FOSTER REYNOLDS, écuyer.

THOMAS BABINGTON,écuyer, M. P.

WILLIAM SMITH, écuyer, M.P.

CHARLES BARCLAY, écuyer, M. P.

JONHHEN. SMYTH, écuyer, M.P.

WILLIAM BLAKE, écuyer.

LIEUT-GENERAL STEVENSON.

HENRY BROUGHAM, écuyer, M. P.

JAMES STEPHEN, écuyer.

THOMAS CLARKSON, écuyer.

JAMES STEPHEN, JUN, écuyer.

COLONEL DALTON.

REV. JAMES TOWERS.

REV. WILLIAM DEALTRY.

HENRY WARBURTON, écuyer.

THOMAS FURLEY FORSTER, écuyer.

JONH WHISHAW, écuyer.

ROBERT GRANT, écuyer.

SAM. WHITEBREAD, écuyer, M.P.

GEORGE HARRISON, écuyer.

  1. B- WILBRAHAM, écuyer, M. P.

THOMAS HARRISON, écuyer.

JAMES RICE WILLIAMS, écuyer.

AUDITEURS.

THOMAS BARNETT, écuyer.

B M. FORSTER, écuyer.

JOHN MORTLOCK, écuyer.

JOHN THORNTON, ecuy,, trésorier.

THOMAS HARRISON, écuy. secrét.

Mr ROBERT STOKES, clerc.

M.M. LAMBERT, père et fils, solliciteurs

Mr ABRAHAM TATTET, collecteur.

CHARLES BALA, messager.

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Au Cap-Henry, chez P. Roux, imprimeur du Roi.

4 Janvier 18168 Février 1816

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