26 Novembre 1807

About This Publication

Containing almost entirely international news from Peltier’s L’Ambigu, this issue finishes with report of a treaty of peace between Russia and Prussia ratified on July 9, 1807. A list of commodities and their prices is also included at the end.

*Provenance: British Library

 

(  N u m é r o   30.  )

                                                                                                                                                           

 

GAZETTE OFFICIELLE

d e

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

 

Du  Jeudi  26 Novembre 1807 , l’an quatrième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                            

 

Fin de la Révolution à Constantinople.

 

Q u i n z e  ministres ou principaux chefs ont été sacrifiés à la fureur populaire , tous prévenus , dit-on , d’être vendus aux russes et aux anglais , de protéger le serviens , qui avaient auprès d’eux des émissaires , de favoriser les rebelles , de partager les revenus et les rapines des commandans des provinces , de trahir le sultan , d’intriguer avec les ennemis contre les français , et enfin d’être les instigateurs de l’expédition des anglais devant Constantinople.

Noms des principaux Personnages mis à mort suivant les nouvelles reçues de Constantinople.

Ibrahim – Effendi , kiaya du sultan , favori de Sélim ; on lui reprochait d’être un des auteurs du Nizam Gerit , de protéger les rebelles et voleurs de Romélie , de s’être enrichi en partageant le produit de leur pillage ; ami de Passwan-Oglou et de Delli-Cadri , il servait les serviens ; on a trouvé chez lui un député servien ; il était secrètement ami des russes ; c’est sur lui que le peuple a le plus exercé sa fureur.

Hajy – Ibrahim – Effendi , tersana testerdar , regardé comme un des plus grands partisans des russes et du Nisam-Gerit.

Inglis – Marmout – Effendi ( ou Mamout l’anglais ) ancien reis-effendi , précédemment ambassadeur en Angleterre , regardé comme dévoué aux anglais et aux russes , auteur des traités avec les russes , relatifs à la Valachie et à la Moldavie.

Ricap Sélim-Effendi , secrétaire d’état ; Ricap Beyliezi – Effendi – Reis , ministre de l’intérieur ( partisan du Nizam-Gerit. )

Hasanico , douanier , homme fort riche , accusé de concussion.

Ali-Effendi de Morea , tersana emini , qui était ambassadeur  en France pendant l’expédition d’Egypte. ( On ne dit pas les motifs de sa proscription. )

Aclimet-Bey , Nisam Gerit , testerdar ; Cior – Achmet – Bey , premier valet de chambre de Sélim ; le secrétaire particulier de Sélim ( On ne dit pas les motifs de leur mort ; ils étaient amis et protecteurs du prince Morosi. )

Le Bostangi – Bachi , abus de pouvoir dans la prise du canal du Bosphore.

Jussuf – Aga ( Valide – Kiayassi ) confident de la sultane mère de Sélim , pendant sa vie , et ministre , dirigeant toutes les affaires. On lui reproche presque tout

 

 

 

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ce qui s’est passé sous le règne de Sélim ; el était un grand ennemi des français , et on le croyait la cause du départ du maréchal Brune de Constantinople ; ce ministre était éloigné des affaires depuis quelque temps.

Chamli-Raïp-Effendi , second ministre de l’intérieur.

Halil-Hasegi , beisbasi du Nisam-Gerit , ou général.

Capan Naïpi , directeur des magasins de blés du gouvernement.

On dit qu’on a trouvé dans les coffres de ces ministres la valeur de 60 millions.

On annonce que quatre des principaux chefs qui se trouvaient à la suite du grand-visir , ont été demandés et envoyés à Constantinople pour y être mis à mort.

Rasit-Effendi , chargé des contributions de la Servie , et qui trouvait à Sophie , a , dit-on , subi le même sort ».

Des nouvelles reçues plus récemment , confirment que la révolution arrivée en Turquie , a fait descendre du trône ottoman le sultan Sélim III , et y a fait monter son cousin Mustapha , fils d’Abdul – Hamed. Le nouvel empereur des musulmans , le quatrième du même nom , doit son élévation au trône , à ce que son prédécesseur restait sans enfans , mais probablement plus encore à l’aversion des janissaires et du peuple pour les innovations faites dans l’armée et dans les impôts. On ne pouvait guères s’attendre au dehors à ce changement de chef au milieu de la guerre et peu après la délivrance de la capitale d’un danger imminent. Tous les avis , cependant , conspirent à faire envisager cette révolution comme purement domestique et comme ne tendant en aucune manière à altérer les rapports actuels de la Porte avec les puissances étrangères. Voici les détails que donne sur un événement aussi remarquable , une lettre de Constantinople , du 31 Mai.

« L’accommodement conclu en Septembre dernier avec les janissaires d’Andrinople et leurs adhérens , insurgés contre le Nizam-Gedid ( nouveau système militaire et financier ) n’avait été en effet qu’une trêve accompagnée de complaisances ostensibles. Tandis que d’une part le changement du ministère auquel la Porte s’était prêtée pour satisfaire les rebelles , restait imparfait , puisque le Kiaja-Bey , principal moteur des innovations , conservait toute son influence par sa nouvelle charge de Nazir-Dewted , et qu’on semblait n’attendre qu’un moment plus favorable pour renouveler les mêmes tentatives de réforme ; les mécontens , de leur côté , continuaient leur inquiète surveillance , et persistaient dans leurs associations et leurs projets insurrectionnels. Au moins est-il plus que probable que la révolution d’aujourd’hui est l’effet d’un plan différé et mûri en silence.

Ce fut dans la soirée du 25 , que l’explosion commença à Cavac , château situé sur la rive Asiatique du Bosphore. Un janissaire se querella avec un des soldats du Nizam-Gedid , à l’occasion des uniformes distribués à ceux-ci. Le premier se permit les propos les plus injurieux contre le grand-seigneur. Le commandant du château qui était survenu , le réprimanda fortement. Il s’ensuivit une bagarre générale , dans laquelle ce commandant fut tué. Dès lors les mécontens jugèrent qu’ils n’avaient plus de mesure à garder ; ils se jetèrent sur Mohamed-Effendi , le même qui fut reis-effendi en 1805 , et qui avait obtenu récemment la charge d’inspecteur des fortifications ; ils le poursuivirent jusqu’au rivage opposé , et le massacrèrent à Bujukdere , avec son secrétaire et deux domestiques. Le lendemain 26 Mai , ils allèrent se présenter à Constantinople. Le grand-seigneur leur accorda non-seulement l’impunité , mais confirma même un albanais obscur qu’ils avaient choisi pour chef ; ils tirèrent les canons comme

 

 

 

 

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pour célébrer ce succès , mais apparemment dans l’intention de donner un signal à leurs associés.

Effectivement , dans la matinée du 23 , deux à trois mille hommes arrivèrent de différens points , et s’emparèrent des casernes et de l’artillerie de Tophana. Tout ce qu’ils trouvèrent de militaires embrassa leur parti ; ils commencèrent alors leurs opérations contre le gouvernement , et consultant le mufti sur differens points ; ils firent valoir sur-tout l’article de la loi mahométane, qui prescrit la déchéance d’un calife qui aurait occupé le trône pendant sept ans sans avoir eu de progéniture. Le mufti ne balança pas à prononcer en leur faveur. Son Fettwa décida immédiatement l’insurrection de presque tous les habitans de Constantinople. Le grand-seigneur ne chercha nullement à s’y opposer de vive force ; mais il essaya de détourner l’orage par les voies de la douceur. Il adressa aux janissaires une lettre des plus bienveillantes , dans laquelle il promettait de les satisfaire. Cette lettre ne produisit aucun effet. Sa hautesse leur envoya alors les têtes du Bostangi Bachi et de deux ministres. Cet acte de condescendance fut encore sans succès. L’ex-kiaja-bey , Ibrahim , contre lequel on était le plus acharné , avait cherché à se sauver sous un déguisement. Il fut reconnu et massacré , son corps et son habit coupés en pièces et distribués dans la ville. Le trésorier du Nizam-Gedid et un secrétaire du sérail eurent le même sort. Le reste de la journée se passa en pourparlers.

Ce ne fut que le 29 au matin , que l’infortuné monarque prit le parti de céder à la necessité. Il se fit confiner au vieux sérail , d’où l’on tira son cousin Mustapha , fils d’Abdul-Hamed , pour le proclamer empereur. C’est un prince de 28 ans.  On ne lui connaît qu’un attachement zélé pour la foi mahométane. Son arrivée à la mosquée d’Achmed fut accueillie par les vifs applaudissemens. Cette révolution s’est faite , comme l’on voit , sans aucune commotion violente. Mustapha IV a solennellement promis de respecter les jours de son prédécesseur Sélim III , et de lui témoigner tous les égards compatibles avec son état. Au reste , il n’y a eu aucune nomination marquante dans le ministère. Le caïmacan du grand -visir , ainsi que le premier drogman , ont été confirmés. Abed-Effendi , ci-devant ambassadeur à Paris , est nommé vicaire du reis-effendi , actuellement à l’armée. La tête de celui-ci et celle du grand-visir sont demandées par les janissaires ».

D’autres feuilles de France ajoutent à ces détails , qu’une courrier parti de Constantinople le 4 Juin , avait apporté à Milan la nouvelle que le nouveau sultan Mustapha , par un firman , daté du 1er , avait renouvelé la déclaration de guerre contre la Russie , l’avait proclamée une guerre de religion , et avait ordonné à tous ses sujets d’être dévoués à l’empereur Napoléon , l’allié fidèle de la Porte ; que l’ambassadeur de France jouissait auprès du nouvel empereur de la même considération dont l’honorait le sultan Sélim ; que l’aide de camp du vice roi d’Italie , le colonel Sorbieu , était arrivé à Constantinople avec un officier du génie ; que l’empereur détrôné , qui était enfermé au sérail , était traité par son neveu avec beaucoup d’égards ; et enfin qu’il régnait à Constantinople une tranquillité aussi parfaite que s’il ne s’y était rien passé. ( Tout comme à Paris , quand on y disait : le peuple est calme ! ! ! )

Bataille navale entre les Russes et les Turcs

La Flotte turque , sortie des Dardanelles , a livré bataille à la flotte russe de l’amiral Seniavivin , près de l’île de Ténédos , le 24 ou 25 Mai. Le peu de renseignemens qui nous sont parvenus sur cette affaire , suffisent pour nous convaincre que ce n’a été

 

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ni un Trafalgar , ni un Aboukir. Les deux flottes étaient , dit-on , à peu près de la même force. Le combat a duré sept heures avec la plus grande opiniâtreté de part et d’autre , et quoique le vent eût mis cinq vaisseaux turcs hors la ligne , le capitan pacha , Said – Ali , était cependant resté vainqueur , et les russes avaient été obligés de se retirer à Imbra. Il n’y avait eu aucun vaisseau de pris ni de détruit de part et d’autres , mais que les deux flottes avaient considérablement souffert et avaient perdu beaucoup de monde. Le capitan – pacha était encore devant les Dardanelles , et attendait des renforts pour attaquer les russes une seconde fois.

 

Paix de la Russie et de la Prusse.

      Il ne reste plus aucun doute sur cette prompte pacification. La campagne avait duré 17 jours (depuis le 5 jusqu’au 21 Juin); la négociation a duré tout autant. Commencée le 22 Juin , elle s’est terminée le 8 de Juillet , par un traité de paix définitif , qui a été ratifié le 9. Cette nouvelle a été reçue le 14 Juillet à Berlin par le général Clarke , et mise aussitôt à l’ordre du jour ; elle est arrivée de même à la Hayes , où elle a été annoncée au bruit du canon , et il a été envoyé des courriers pour informer sa majesté hollandaise de ce joyeux événement , en quelque endroit que l’on puisse trouver ce prince mystérieux , qui gouverne aujourd’hui son royaume , comme la Providence gouverne le monde , sans qu’on le voie.

Nous n’avons encore que peu de documens sur les conditions de ces deux paix. La Russie en sera quitte , à ce qu’il paraît ,  pour renoncer à ses prétentions sur la Moldavie et la Valachie , qui ne tarderont pas à devenir des départemens français. Pour la Prusse , elle est condamnée à en payer tous les frais , in aere et in cute. La ville de Dantzig , pour prix de dix millions tournois de contributions auxquels elle a été imposée , redeviendra ville libre et anséatique , et aura sans doute, ainsi qu’Hambourg et Lisbonne , la liberté d’acheter tous les ans sa neutralité , et la faculté d’avoir un dépôt de marchandises et de négocians britanniques arrêtables à volonté. Son territoire sera augmenté de quelques lieues , et les péages de la Vistule seront abolis sur toute la partie de ce fleuve , qui coule dans les états prussiens. Warsovie est enlevé à la Prusse , ainsi que la portion d’état qu’elle possédait dans la Westphalie et sur la mer d’Allemagne. Le montant de la contribution qu’elle doit verser dans la caisse du magot des Tuileries , n’est pas connu ; c’est sans doute un article secret du traité ; mais il faut que la somme soit conséquente , à en juger par les précautions prises pour en assurer le payement. Il faudra plus d’un Frédéric le Grand pour remettre à l’avenir la Prusse au rang des puissances.

Extrait de l’Ambigu.

                                                           

P r i x   d e s   D e n r é e s.

Café .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      24 à 25 sous la livre.

Sucre terré .  .  .  .  .  .  .  .  .     18 gourdes le cent.

brut .  .  .  .  .  .  .  .  .       8 gourdes le cent.

Cacao  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 sous la livre.

Coton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 gourdes le cent.

Indigo .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .        1 gourde la liv.

Sirop ou Molasse  .  .  .  .  .   2 gourdins la velte.

Tafia.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      36 gourdes la bar.

Cuirs de bœufs , en poils .    6 gourdins.

moutons et cabr.   3 gourdins.

tannés  .  .  .  .  .  .  .   2 g. le côté.

Écailles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   2 gourd. la liv.

Huile de Palma Christi .  .     1 g. et demie le galon.

Casse médecinale .  .  .  .  . 10 sous la livre.

Confitures , sèch. et liquides.  2 gourdins la livre.

                                                                                                                                                           

A  V  I  S    D  I  V  E  R  S.

On vend à l’Imprimerie l’Alphabet pour apprendre à lire , des Cantiques spirituels , le Catéchisme pour faire la Communion , le Saint Suaire de Notre – Seigneur , et la Neuvaine à saint Antoine de Padoue.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

19 Novembre 18073 Décembre 1807

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