5 Novembre 1807

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This issue continues to report on the troubles between Russia and France, or rather between the Emperor Napoleon Bonaparte, and Alexander I, the Emperor of Russia. Alongside this more global news, local reports of ships coming in and out of the northern part of Haiti attest to robust trade with the international community. We learn, for example, that between September and October, fifteen foreign ships entered Haiti bringing various “provisions and dry goods,” while in the same period, eleven foreign ships left Haiti with “coffee, sugar, and cocoa,” ostensibly purchased from Christophe’s republic.

*Provenance: British Library

(  N u m é r o   27.  )

                                                                                                                                                           

GAZETTE OFFICIELLE

d e

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

Du  Jeudi  5 Novembre 1807 , l’an quatrième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                            

C  O  U  P  –  D ’  OE  I  L

Politique sur l’Etat présent de l’Europe.

Quelle étrange valeur qui , ne cherchant qu’à nuire,

Embrasse tout , sitôt qu’elle commence à luire ;

Qui n’a que son orgueil pour règle e pour raison ;

Qui veut que l’univers ne soit qu’une prison ;

Et que , maître absolu de tous tant que nous sommes ,

Ses esclaves en nombre égalent tous les hommes !

Plus d’états , plus de rois : ses sacrilèges mains

Dessous un même joug rangent tous les humains :

Dans son avide orgueil je sais qu’il nous dévore :

De tant de souverains , nous seuls régions encore…

CE que Pirrus disait d’Alexandre , l’Angleterre seule peut le dire aujourd’hui du nouvel Attila qui subjugue et ravage l’Europe entière ; elle a toujours été le principal objet de la haine de ce tyran : en paix , il la détesté , et médite sourdement sa ruine ; en guerre , il l’abhorre ouvertement, et sacrifierait tout au monde pour la dévorer ; elle a deux fois luté [sic] corps à corps avec le colosse de cette puissance révolutionnaire qui , après avoir vaincu et subjugué toutes les autres , se vantait hautement de l’asservir à son tour ; et cependant l’Angleterre subsiste encore puissante et libre au milieu de l’asservissement général , et se prépare à rentrer seul en lice pour son propre salut et pour la délivrance de l’Europe. Car il ne faut pas se dissimuler aujourd’hui que l’occasion de délivrer les peuples du continent et tous les princes , de la tyrannie de Buonaparté , vient d’être encore une fois perdue : elle s’est déjà souvent présentée ; mais en vain: la terreur des uns ; la trahison des autres ; les calculs de l’égoïsme , et les promesses d’une politique astucieuse ont fait avorter les plans les mieux combinés , et paralysé les efforts des plus formidables coalitions , en jetant la jalousie et la désunion parmi leurs membres.

Sans remonter trop loin dan les temps passés qui , par une longue série de malheurs et de fautes , nous prouveraient clairement cette vérité , arrêtons nous à l’époque à jamais mémorable et funeste , où le général Mack , à la tête d’une armée formidable en Bavière , l’archiduc Charles en Italie , les russes marchant par la Bohême sur le Rhin , se préparaient à délivrer l’Europe de la tyrannie de Buonaparté : le génie immortel du ministre qui gouvernait alors l’Angleterre , avait formé cette redoutable coalition : le salut de toute l’Allemagne dépendait de ses succès ; et le roi de Prusse avait pris l’engagement de s’y réunir : jamais occasion plus favo-

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rable d’écraser l’ennemi commun ne s’était présentée : l’armée française , après la trahison du général Mack , traversant les pays héréditaires de l’Autriche , s’avançait dans la Bohême , où elle fut enfin arrêtée par une armée russe réunie aux débris de l’armée autrichienne : l’archiduc Charles , pendant ce temps-là , accourait , par la Hongrie , au secours des alliés , à la tête de 80 mille hommes , et menaçait les derrières de l’armée française : le salut et la liberté de l’Europe étaient alors entre les mains du roi de Prusse : son territoire avait été violé par Buonaparté ; les soldats de cet insolent usurpateur avaient traverse la principauté d’Anspach les armes à la main , repoussé la résistance par la force , et pillé les magasins de S. M. Prussienne: certes , la moindre de ces agressions eût suffi pour que Fredéric le Grand , enflammé d’une juste indignation , eût aussitôt marché contre son impudent agresseur , et lui eût ôté toute possibilité de retraite et de salut , en l’attaquant par le flanc en Bohême , et faisant marcher sur ses derrières une armée formidable. Mais le petit-fils du Grand Fréderic a pensé et agi tout autrement : au lieu de faire avancer une armée de cent mille hommes , il s’est contenté d’envoyer à Vienne , où se trouvait alors Buonaparté , un négociateur pusillanime , et peut être aussi facile à corrompre qu’à intimider ; il a parle quand il fallait agir , use de la plume quand il fallait frapper de l’épée ; il a employé les temporisations , les négociations , les demandes de réparations par la bouche de son ministre , M. d’Haugwitz , qui , marchant à la suite du Corse victorieux , comme pour être témoin de ses fureurs et de ses conquêtes , ne conservait ni la dignité , ni l’attitude d’un homme d’honneur insulté qui poursuit son agresseur ; mais celle d’un timide client qui supplie son juge de l’entendre : la jalousie alors a parle plus haut que l’honneur, et l’intérêt plus fort que la justice ; ce jeune prince a cru devoir laisser frapper les coups qu’il pouvait arrêter , parce que l’affaiblissement d’une maison rivale lui a semblé préférable à la vengeance de son propre affront et à la délivrance de l’Europe entière ; il a donc laisse battre les alliés à Austerlitz , lorsqu’il pouvait , en se joignant à eux , détruire l’ennemi des peuples et des souverains légitimes.

Pendant que Buonaparté s’avançait ainsi victorieux jusqu’aux frontières de la Pologne , l’ambassadeur prussien était à Vienne en conférence journalière avec M. Talleyrand , l’Ephestion du Corse empereur ; et parlant toujours comme Taxile , en homme plus timide que menaçant , et plus prêt à négocier qu’à se battre , il lui disait sans doute :

Seigneur , ne croyez pas qu’une fierté barbare

Nous fasse méconnaitre une vertu si rare ;

Et que , dans leur orgueil , nos peuples affermis ,

Prétendent , malgré vous , être vos ennemis.

.     .     .     .     .     .     .    .     .     .     .     .

.     .     .     .     .     .     .    .     .     .     .     .

.     .     .     .     .     .     .    .     .     .     .     .

Assez d’autres états , devenus vos conquêtes ,

De leurs rois , sous le joug , ont vu ployer leurs têtes.

Après tous ces états que son bras a soumis ,

Buonaparté , Seigneur , doit chercher des amis.

Tout ce peuple captif , qui tremble au nom d’un maître

Soutient mal un pouvoir qui ne fait que de naître.

Ils ont , pour s’affranchir , les yeux toujours ouverts ;

Votre empire n’est plein que d’ennemis couverts ;

Ils pleurent en secret leurs rois sans diadèmes ,

Leurs fers trop étendus se relâchent d’eux-mêmes.

Et déjà dans leur cœur , les Germains mutinés ,

Vont sortir de la chaine où vous nous destinés ;

Essayez , en prenant notre amitié pour gage ;

Ce que peut une foi qu’aucun serment n’engage ;

Et laissez-nous heureux et libres sous nos lois ,

Applaudir sans contrainte au bruit de vos exploits.

Mais pour savoir positivement si les applaudissemens de la Prusse aux yeux de Buonaparté seront de longue durée , voyons quelles ont été les conséquences de sa politique vindicte et tremblante ? L’empereur d’Autriche a perdu une por-

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tion considérable de son territoire , et fait une paix honteuse ; la Prusse a été forcée d’abandonner à Buonaparté plusieurs de ses provinces , et de recevoir illégitimement en échange , l’électorat de Hanovre , dépouille appartenante à l’Angleterre son allié ; l’empire germanique a été dissous , et tous ses membres isoles , sans appui , corrompus pour la plupart , et dociles à la voix du vainqueur , ont été réunis de nouveau en corps fédératico-politique , indépendant en apparence , mais réellement tributaire du tyran de la France , et organisé de manière à servir d’avant poste à son vaste empire. La confédération du Rhin s’est formée. Buonaparté a placé deux de ses frères sur deux trônes , l’un au nord , et l’autre au sud de l’Europe , pour s’en assurer plus facilement un jour la domination : le duc de Wirtemberg a été élevé au rang ignominieux des rois de la nouvelle création ; et l’électeur de Bavière a non-seulement reçu l’honneur du même titre , en se déshonorant , mais a comblé sa dégradation par la monstrueuse alliance de sa race auguste à l’ignoble famille du Corse usurpateur : enfin , l’oppresseur de la France a déchiré l’Allemagne en lambeaux , usurpé les provinces qui lui convenaient , cerné l’Autriche de toute part , conservé sous divers prétextes, l’occupation d’une de ses plus fortes places, et créé par-tout de nouvelles puissances nécessairement rivales des anciennes , et prêtes à tout oser et tout entreprendre pour servir les vues ambitieuses de leur créateur. Quels grands avantages pouvait donc retirer la Prusse de ce bouleversement général ? A la vérité , sa rivale naturelle , la maison d’Autriche , était considérablement affaiblie ; mais en obtenant cet accroissement relatif de force , par rapport à l’Autriche , la Prusse perdait la moitié de son poids et de son importance dans la balance politique de l’Europe ; car si , d’une part , elle devenait l’égale de la puissance autrichienne , ainsi mutilée ; de l’autre , elle n’était plus qu’un faible pigmée comparativement à la puissance colossale de l’empire français , dont les limites , croissant toujours , allaient bientôt atteindre celles de la monarchie prussienne. Il n’y a donc que les conseils d’une politique , ou souverainement ignorante , ou profondément perverse , qui aient pu déterminer le cabinet de Berlin à garder la neutralité dans une guerre qui pouvait et devait infailliblement , si ce cabinet eût voulu y coopérer , venger l’affront des rois, et délivrer l’Europe entière de la tyrannie d’un sujet factieux , assis sur le trône de son légitime souverain.

Une année s’est à peine écoulée depuis qu’on a perdu l’occasion favorable d’étouffer cette fureur révolutionnaire , qui , comme un torrent , échappée du sein de la France , ravage les états voisins , médite la ruine de toutes les dynasties régnantes , et fait le guerre aux anciens trônes pour y placer de nouveaux rois. Mais suivons le cours des événemens , et voyons si cette politique machiavélique ne sera pas autant et peut-être même plus funeste à ceux qui l’on suivie , qu’à ceux contre lesquels elle était dirigée.

Le cabinet des Tuileries ayant ainsi terminé la guerre avec l’Autriche , sentit qu’il n’était plus nécessaire de caresser la Prusse , et que le momen de lui parler en maître était enfin arrivé. Le mécontentement qu’elle lui avait témoigné , les réclamations qu’elle avait adressées au gouvernement français , et le mouvement qu’elle avait fait faire à ses troupes à l’occasion de la violation de son territoire , avaient déplu au très-irascible Buonaparté. Il conçut dès-lors le projet de l’engager , sous quelque prétexte que ce fût , dans une guerre où elle ne trouverait pas un seul allié qui voulût la secourir ; car il savait bien qu’elle n’avait rien à espérer de l’Autriche ; qu’elle était en rupture avec la

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Suède , et en hostilités commencées avec l’Angleterre.

La Suite au Numéro prochain.

                                   

P  R  O  C  L  A  M  A  T  I  O  N

Adressée par S. M. le Roi de Prusse , aux Habitans des Pays qui lui ont été enlevés par

   l’empereur Napoleon et par l’empereur Alexandre.

Chers habitans des provinces, territoires et villes fidèles ! Mes armes ont été malheureuses , les efforts du reste de mon armée ont été vains. Repousse jusqu’aux dernières bornes de mon empire , et mon puissant allie s’étant vu forcé lui-même à conclure un armistice et à signer la paix , il ne me restait d’autre parti que de l’imiter. La paix a dû être conclue telle que les circonstances la prescrivaient ! Elle m’a imposé ainsi qu’à ma maison , elle a imposé au pays même les plus douloureux sacrifices. Les lieus , l’ouvrage des siècles , des traités , de l’amour et du devoir ont été rompus. Mes efforts ont été inutiles ! Le sort l’ordonne , le père se sépare de ses enfans. Je vous dégage de tous les devoirs de sujets envers moi et ma maison. Nos vœux les plus ardens pour votre prospérité vous suivront auprès de votre prospérité vous suivront auprès de votre nouveau souverain , soyez lui ce que vous m’étiez. Le sort ni aucune puissance ne peuvent effacer votre souvenir de mon cœur.

Memel , le 24 Juillet 1807.

FRÉDÉRIC GUILLAUME.

                                                           

Par le traité de paix conclu à Tilsit avec la France , S. M. le Roi de Prusse cédant également les provinces de la Prusse méridionale et de la nouvelle Prussse occidentale , elle a , en vertu de cette cession , ordonné que les bas officiers et soldats de l’armée prussienne , qui sont nés dans ces deux provinces , retourneraient dans leurs foyers. Sa Majesté veut aussi maintenant que les officiers et cadets de son armée , qui sont nés dans la Prusse méridionale ou dans la nouvelle Prusse orientale , puissent passer au service du nouveau souverain de ces provinces ; elle les dégage en conséquence de leurs services , soit qu’ils appartiennent aux régimens et bataillons réformés ou à ceux qui sont sur pied , et leur enjoint de se présenter au collège suprême de guerre , qui leur délivrera leurs congés.

Memel , le 24 Juillet 1807.

FRÉDÉRIC GUILLAUME.

                                   

P r i x   d e s   D e n r é e s.

Café .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      20 à 21 sous la livre.

Sucre terré .  .  .  .  .  .  .  .  .     18 gourdes le cent.

brut .  .  .  .  .  .  .  .  .       8 gourdes le cent.

Cacao  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 sous la livre.

Coton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 gourdes le cent.

Indigo .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .        1 gourde la liv.

Sirop ou Molasse  .  .  .  .  .   2 gourdins la velte.

Tafia.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      36 gourdes la bar.

Cuirs de bœufs , en poils .    6 gourdins.

moutons et cabr.   3 gourdins.

tannés  .  .  .  .  .  .  .   2 g. le côté.

Écailles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   2 gourd. la liv.

Huile de Palma Christi .  .     1 g. et demie le galon.

Casse médicinale .  .  .  .  . 10 sous la livre.

Confitures , sèch. et liquides.  2 gourdins la liv.

                                                                                                                                                           

M O U V E M E N T   D E   L A   R A D E

Des  mois  de  Septembre  et  d’Octobre.

A  r  r  i  v  é  e     d  e     N  a  v  i  r  e  s.

Quinze bâtimens étrangers , chargés de provisions et de marchandises sèches.

D é p a r t s   d e   N a v i r e s.

Onze bâtimens étrangers , chargés de café , sucre et cacao.

                                                                                                                                                           

A  V  I  S    D  I  V  E  R  S.

Il a été enlevé , le 24 Octobre dernier , au bourg de la Grande-Rivière , une Bourrique , poil souris , tirant sur le brun , ayant le bout de l’oreille hors du montoir coupé , étampée au con du même côté JS , et au cou du côté du montoir une étampe illisible , et au palet , à la cuisse du même côté  ML  L  , les deux premières lettres entrelacées. Ceux qui en auront connaissance sont priés d’en prévenir M. Michel Louis , commissaire des guerres audit lieu , qui donnera récompense.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

29 Octobre 180712 Novembre 1807

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