9 Novembre 1809

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This issue begins with an excerpt from L’Ambigu out of London detailing Napoleon Bonaparte’s defeat of the Hungarians at Raab in July 1809. These victorious moments in Bonaparte’s military career were clearly causing great consternation in England, and the article calls for Russia to soundly defeat the French emperor, who at the time was proclaimed to be “invincible” across Europe.  A rhyming enigma concludes the issue, with a corresponding announcement that its answer will be published in the subsequent week’s newspaper.

*Provenance:  Beinecke Rare Book and Manuscript Library at Yale University

(  N u m é r o   45.  )

GAZETTE OFFICIELLE

de

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

Du  J e u d i  9 Novembre 1809 , l’an sixième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                              

L  O  N  D  R  E  S.

Sur la Position actuelle de Buonaparté.

L E  seul événement militaire un peu important que les bulletins de Buonaparté nous ait annoncé depuis long temps , est la captitualtion de Raab. N’ayant aucun moyen d’occuper l’attention , il emploie ses loisirs à des calculs exagérés sur les pertes des autrichiens , et à faire de leurs forces un recencement dans lequel il se garde bien de montrer tout ce qu’il craint de cette armée , qu’il n’a pas osé attaquer depuis un mois.

Ceux qui dans leur aveugle admiration pour les faits d’armes de Napoléon , le proclamaient invincible ; ceux qui dans leur lâche découragement désespéraient du salut de l’Europe , ne peuvent plus révoquer en doute que ce brigand n’ait été arrêté dans sa carrière révolutionnaire. Sans prétendre ici nous prévaloir des bruits qui nous arrivent de la Holland , et qui tendent à nous faire concevoir les plus flatteuses espérances , le silence d’un ennemi que ses succès rendent si loquace , est un des pronostics les plus heureux que nous puissions désirer. Prétendra – t – on que si , depuis sa défaite à Aspern et son mouvement rétrograde vers Ebersdorff , Buonaparté avait eu quelque avantage important , il ne se serait pas empressé de nous l’annoncer par une canonade à Boulogne et par quelque machine flottante qui nous aurait apporté de la côte de France un fâcheux bulletin ? Mais nous trouvons qu’à la date du 22e bulletin , Buonaparté était stationnaire sur le Danube , et que jusqu’au 22 Mai il n’avait eu à se vanter d’aucun autre exploit militaire que de la capitulation de Raab , place peu importante , et qui n’était défendue que par 1800 hommes. D’autres symptômes qui se sont manifestés dans le courant du mois dernier , et qui chaque jour deviennent plus prononcés , semblent présager une crise heureuse sur le continent européen. La tactique de cet homme extraordinaire , qui semblait être né pour démentir l’inconstance proverbiale de la fortune , et qui par sa violence avait vaincu tous le obstacles qui semblaient devoir l’arrêter ; cette tactique a , pour la première fois , éprouvé un grand échec. Il est maintenant prouvé jusqu’à la dernière évidence , que Buonaparté , secondé de ses habiles ge-

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néraux , et commandant ses meilleures troupes , peut être complétement battu. L’effet que cette vérité doit produire sur les deux armées , est incalculable. Il est clair , outre cela , que Buonaparté n’a pu ni comme conquérant ni comme réformateur , éteindre les sentimens de loyauté qui attachent les soldats et les paysans autrichiens à leur souverain. Les pays qu’arrose le Danube ne sont par conséquent pas mûrs pour une révolution fondée sur le régicide et la spoliation , quoique cet affreux système ait eu de déplorables succès sous l’atmosphère corrompu de Paris , de Nantes et de Lyon. Les autrichiens , les bohémiens , les hongrois , sont loin de désirer qu’un Louis ou un Jerôme Buonaparte remplace l’illustre maison qui règne sur eux. Les artifices révolutionnaires par lesquels le corse prétendait régénérer le pays que la victoire lui soumettait , ont été sans force et sans effet en Autriche comme en Espagne.

Nous ne voyons ni des Morla ni des Mack parmi les généraux de l’archiduc. Nous ne remarquons même aucune disposition à demander ou à accepter une trêve ou une paix pareille à celles de Léoben , de Presbourg et de Tilsit. Ce sont là sans doute des différences importantes et ce ne sont pas les seules. Sans prétendre connaître parfaitement ce qui se passe ou se prépare en Allemagne , nous croyons pouvoir annoncer qu’il existe dans ce pays une fermentation qui est loin d’avoir produit l’effet qu’on doit attendre de la haine que Buonaparté inspire à tous les peuples de ces vastes contrées. Tout annonce que si Buonaparté est forcé à une retraite , l’Allemagne lui sera fermée , et qu’il n’aura d’autre ressource que de s’enfuir par la Styrie , la Carinthie et la Carniole , dans les états vénitiens et dans la Lombardie.

Tout homme qui compare la situation de Buonaparte lorsqu’il est arrivé devant Vienne , le 10 Mai , avec celle où il se trouve maintenant , adoptera sans doute avec nous la séduisante hypothèse que nous venons de présenter.

Les russes , disent les bulletins français , avancent rapidement ; ils sont entrés en Galicie sur trois colonnes ! c’est le prince Serge Galitzin qui les commande. Un officier d’état-major est arrivé de Saint-Peterbourg avec la joyeuse nouvelle. En supposant que cette information soit vraie , que les russes soient véritablement en route , qu’ils ne fassent point de haltes inutiles , et qu’ils ne reçoivent aucun contre ordre d’Alexandre , examinons la version de Buonaparté lui – même , et voyons à quelle époque et dans quel endroit ils sont entrés en Galicie. C’est le 3 Juin , dit le bulletin , à Wlodzimierz , ou dans les environs. Eh bien ! cette ville est située presque à l’extrémité nord-est de la Pologne autrichienne , à 230 milles au moins de Cracovie , par où il faut absolument que les russes passent avant d’entrer en Moravie , puisqu’il n’y a pas de route praticable dans les monts Krapacs , ni d’autre chemin pour passer en Autriche , qu’au travers du duché de Saxe – Teschen. De Cracovie à Olmutz il y a 120 milles , et d’Olmutz à Vienne , par la route directe , encore plus de 100 mille. Ainsi , le 3 Juin , l’armée russes aurait eu de 480 ou 500 milles à faire pour arriver de Wlodzimierz sur le Danube , au travers d’un pays dans la plus grande partie duquel il est impossible qu’une armée un peu forte puisse se procurer des provisions. De Bilitz à Tropan dans un espace de 50 milles , le chemin est frayé sur la côte des monts Krapacs , et il ne peut y passer qu’une colonne à la fois.

Ainsi donc , pour que le prince Galitzin

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puisse arriver devant le Danube six semaines après être entré en Galicie , il faut que l’armée russe , son artillerie , ses chariots et toutes ses dépendances fassent 13 milles par jour sans faire halte et sans trouver d’obstacles. On ne peut donc raisonnablement craindre qu’ils puissent rejoindre leur petit allié corse avant la fin de Juillet ; mais il faut observer que les ordres que la cour de Saint-Pétersbourg aura été dans le cas d’envoyer au prince Galitzin , après qu’elle aura reçu la nouvelle de la defaite du 22 Mai , n’auront pu arriver au plus tôt que le 22 ou le 25 de Juin. Jusqu’à ce que nous ayons appris l’effet que la nouvelle de la bataille d’Aspern aura produit dans les conseils de Saint-Pétersbourg , il est inutile de faire aucun calcul sur les opérations de l’armée russe qui marche aujourd’hui en Pologne. Buonaparté peut juger à propos , peut même trouver utile de propager le bruit de son approche ; et l’on peut être bien assuré qu’il le fera , afin d’intimider les allemands et de soutenir le courage de ses soldats. Mais il attend sans combattre et sans reconquérir les avantages qu’il a perdus , il est très-possible que ses alliés moscovites redeviennent ses ennemis. Il faut qu’il se trouve dans des circonstances bien fâcheuses , lorsqu’il laisse insérer dans ses journaux , sous la date de Vienne , du 18 Juin , une ruse aussi grossière que celle par laquelle on déclare positivement :

« Que l’on vient de recevoir la nouvelle que les russes sont entrés en Moravie » ; et bientôt après:  « Que l’armée est dans le meilleur ordre , et brûle de réprendre l’offensive ».

Il est certes bien temps qu’elle reprenne l’offensive ; car de tous le côtés , nous voyons les autrichiens , aidés de ces faux rapports dont ils inondent le pays , et du système immoral qu’ils ont adopté pour soulever les basses classes , comme le dit Buonaparté d’une manière si pathétique , chasser ses troupes et celles de ses chers alliés et vassaux dans toutes les parties de l’Allemagne. Nous voyons même qu’en Italie , suivant les nouvelles publiées par les journaux français , le corps du général Chasteller , renforcé d’un grand nombre d’insurgés , après avoir complétement purgé le Tyrol de troupes ennemies , s’était avancé au commencement de Juin , dans le territoire de Venise , qui s’était rendu maître de Bassano , et qu’il avait forcé le général Rusca de se retirer sur Trieste. A l’autre extrémité de la ligne , nous voyons les autrichiens entrer dans Dresde , et se porter ensuite à plus de trente lieues en avant. Nous les voyons reçus partout avec des acclamations de joie , par les saxons , tandis que leur malheureux souverain , créé par Buonaparté roi de Saxe et duc de Varsovie , à peu près de la même manière que nous voyons Sganarelle fait docteur dans le médecin malgré lui , publier à Francfort , des proclamations dans lesquelles il feint de désapprouver la conduite de son conseil privé , pour avoir envoyé un de ses secrétaires en députation à l’empereur d’Autriche et à l’archiduc Charles. Ce prince fugitif est dans le fait aussi captif à Francfort que Ferdinand VII l’est à Valence , ou que les sires de Bavière et de Wurtemberg le sont dans leurs capitales respectives.

Nous voyons donc aujourd’hui tout l’échafaudage révolutionnaire ébranlé , et son architecte nous paraît incapable d’en soutenir le poids et de l’empêcher de crouler. Si la Prusse se déclarait en ce moment , et faisait marcher une armée sur le Danube , tandis que notre grande expédition débarquerait ou dans l’Elbe ou

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dans le Veser , ou dans l’Escaut , ou même dans la Seine ; il est difficile d’imaginer que Buonaparté ne fût pas obligé de lever sur-le-champ le camp d’Ebersdorf.

                                                                                                                                   

A N E C D O T E   E T R A N G È R E.

N a p o l é o n reproduit depuis quelque temps , dans les journaux , le conte impie de sa mission divine , et c’est ce qu’il a fait chaque fois qu’ils s’est cru assez puissant pour détruire un empire qu’il convoite pour augmenter les apanages de sa dynastie. Il a osé mettre dans la bouche de l’évêque de l’église de Notre – Dame du Pillar , en Espagne , les paroles sacrilèges qui  suivent :

« Dieu fait naître de temps en temps , pour l’accomplissement de ses desseins , des hommes

» extraordinaires , auxquels il transmet son pouvoir , sa force , sa vertu , et leur dit ainsi qu’à

» Jérémie : Je te place aujourd’hui au – dessus des peuples et des rois , pour que tu crées et que tu

» détruises , etc. Rendons grâces au Tout-Puissant qui a rendu Napoléon l’arbitre de l’univers , et

» qui réunissant en lui toutes les qualités des grands hommes , lui a donné la sagesse de César,

» la fortune d’Alexandre , et la bonté de Trajan ».

Lorsqu’on réfléchit que ces louanges effrontées sont dans le journal officiel de Buonaparté , que non – seulement il les tolère , mais même qu’il les fait insérer , et qu’à part la rédaction qui ne lui appartient pas , il en est peut-être l’auteur , on ne peut qu’être révolté d’un tel degré d’impudence , et que gémir de voir la nation qui lui sert d’instrument pour subjuguer les autres , ne pas le couvrir de ridicule et d’infamie….

Extrait de l’Ambigu.

                                                           

É  N  I  G  M  E.

Don précieux des immortels ,

Idole que l’on déifie ,

Objets sacré de maints autels ,

Où rarement on sacrifie ;

Prestige illusoire des sots ;

Vain simulacre des cagots ,

Amusement de la jeunesse ,

Doux repos de la volupté ,

Seul réconfort de la vieillesse

Et soutien dans l’adversité ;

Dans l’enfant je suis vérité ,

Dans l’ambitieux un langage ,

Pour un avare pauvreté ,

Et fortune pour un vrai sage.

                                                           

P r i x   d e s   D e n r é e s.

Café .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      17 sous la liv.

Sucre terré .  .  .  .  .  .  .  .  .     18 gourdes le cent.

brut .  .  .  .  .  .  .  .  .       8 gourdes le cent.

Cacao  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      14 sous la livre.

Coton  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      10 gourdes le cent.

Indigo .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .        1 gourde la liv.

Sirop ou Molasse  .  .  .  .  .   2 gourdins la velte.

Tafia.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .      32 à 36 gourdes la bar.

Cuirs de bœufs , en poils .    6 gourdins.

moutons et cabr.   3 gourdins.

tannés  .  .  .  .  .  .  .   2 g. le côté.

Ecailles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   2 gourd. la liv.

Huile de Palma Christi .  .     1 g. et demie le galon.

Casse médecinale .  .  .  .  . 10 sous la livre.

Confitures , sèch. et liquid.     2 gourdins la liv.

                                                           

P o i d s   d u   P a i n.

Le pain d’un escalin .    .    .    .    .   20 onces.

A  V  I  S.

On s’abonne chez M. Juste Hugonin , rues Neuve et Saint-Laurent , No 50.

Le prix de l’Abonnement est de douze Gourdes par An ; on ne souscrit pas pour moins de quatre mois , payables d’avance, ou une Gourde et demie par mois.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

2 Novembre 180916 Novembre 1809

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