19 Octobre 1809

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This issue consists almost entirely of a lengthy excerpt from L’Ambigu reporting the victory of the Austrians over Napoleon Bonaparte’s forces on 21st and 22nd of May 1809. Called the Battle of Aspern-Essling, the article recalls how Bonaparte attempted to cross the river Danube, near Vienna, after establishing himself on the island of Lobau. Led by the Archduke Charles, the Austrian military swiftly forced Bonaparte and his troops to retreat.

*Provenance: Beinecke Rare Book and Manuscript Library at Yale University

 

(  N u m é r o   42.  )

 

GAZETTE OFFICIELLE

d e

L’ É T A T   D ’ H A Y T I ,

Du  J e u d i  19  Octobre 1809 , l’an sixième de l’indépendance.

                                                                             

Chaque Peuple , à son tour , a brillé sur la terre.

Voltaire , Mahomet.

                                                                                                                                             

BULLETIN  OFFICIEL  AUTRICHIEN

DE LA DÉFAITE DES FRANÇAIS,

Publié par ordre de son altesse impériale

   l’archiduc C h a r l e s.

 

E N vertu des ordres de son altesse impériale le généralissime , le raport provisoire suivant de la victoire brillante remportée le 21 et 22 Mai , est publié le 23 au quartier général à Breitenlec.

Le 19 et le 20 , l’empereur Napoléon passa le grand bras du Danube avec la totalité de son armée , à laquelle il avait ajouté tous les renforts de ses puissans alliés. Il établit son principal corps sur l’île Lobau , d’où le passage sur le petit bras et ses opérations offensives futures devaient nécessairement se diriger.

Son altesse impériale résolut de marcher avec son armée à la rencontre de l’ennemi , et de ne pas mettre d’opposition à son passage ; mais bien déterminée à l’attaquer après qu’il serait parvenu sur la rive gauche et de faire èchouer ainsi l’entreprise qu’il projettait.

Cette détermination excita dans toute l’armée le plus vif enthousiasme. Animé du patriotisme le plus pur et de l’attachement le plus loyal à son souverain , chaque soldat devint un héros. Les ruines fumantes et les scènes de désolation qui indiquent les traces de l’ennemi dans sa marche en Autriche , les avaient enflammés du désir d’en tirer une juste vengeance. Ce fut au milieu des acclamations de joie et du cri mille fois répeté de Vive notre bon Empereur , et avec la victoire dans le cœur , que nos colonnes se portèrent en avant le 21 à midi pour recevoir l’attaque de l’ennemi , et peu après trois heures la bataille commença.

L’empereur Napoléon en personne dirigeait les mouvemens de ses troupes , et s’efforçait de percer notre centre avec la totalité de sa cavalerie. Cet immense corps était soutenu par 60 mille hommes d’infanterie , ses gardes , et cent pièces de canon. Ses ailes ètaient appuyées sur Aspern et sur Eslingen , deux villages que toutes les ressources de l’art et de la nature avaient contribué , autant que possible , à fortifier.

Il ne put pourtant pas pénétrer la masse compacte que nos bataillons présentaient , et partout sa cavalerie montra le dos , tandis que nos cuirassiers démontaient ses

 

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cavaliers bardés de fer , et que nos chevaux légers portaient la mort dans ses rangs. C’était un combat de géans , et il est à peine possible d’en faire la description.

La bataille avec l’infanterie devint aussitôt générale. Plus de 200 pièces de canon rivalisaient de chaque côté dans l’œuvre de la destruction. Aspern fut dix fois pris , perdu et repris. Eslingen, après des attaques réitérées , ne put être gardé. A onze heures du soir , ces villages étaient tout en flamme , et nous demeurâmes maîtres du champ de bataille. L’ennemi avait été repoussé dans un coin , ayant le Danube et l’île de Lobau derrière lui. La nuit mit fin au carnage.

Dans le même temps , des brûlots qu’on fit flotter au courant du Danube , détruisirent le pont que l’ennemi avait jeté sur le grand bras de la rivière. Cependant l’ennemi fit passer pendant la nuit , au moyen d’un grand nombre d’embarcations, toutes le troupes disponibles qu’il avait dans Vienne et sur le haut Danube ; il fit tous les efforts possibles pour la reconstruction de son grand pont , et nous attaqua le matin à quatre heures par une canonade furieuse de son artillerie , après quoi l’action s’engagea sur toute la ligne. Elle dura jusqu’à sept heures du soir ; et pendant ce temps toutes les attaques furent repoussées. La persévérance de l’ennemi fut à la fin obligée de céder à l’héroïsme de  nos troupes, et la victoire la plus complète couronna les efforts d’une armée que les proclamations françaises avaient déclaré avoir été dispersée et annihilée à la seule idée de l’invincibilité de ses adversaires.

La perte de l’ennemi est immense. Le champ de bataille est couvert de ses morts , parmi lesquels nons avons déjà relevé six mille blessés que nous avons portés dans nos hôpitaux.

Lorsque les français s’aperçurent qu’il ne leur était pas possible de se maintenir dans Aspern, les braves hessois furent contraints de faire un dernier effort , et ils furent sacrifiés.

Au départ du courrier , l’empereur Napoléon était en pleine retraite de l’autre côté du Danube, couvrant sa retraite par la possession de la grande île de Lobau. Notre armée est encore occupée à la poursuite.

On fera connaître les détails les plus particuliers de cette journée mémorable , aussitôt qu’on aura pu les rassembler.

Parmi les prisonniers se trouvent les généraux français Durosnel , général de division , et Foulers , premier écuyer de l’impératrice, ainsi que le général wurtembergeois Roder , qui a été fait prisonnier à Rusdorff , par le second bataillon de la landwehre de Vienne.

                                                           

Etat des Forces de l’Autriche et de leur Disposition à l’Ouverture de la Campagne de 1809.

Les forces de l’Autriche étaient divisées , au commencement d’Avril , en neuf corps d’armée, chacun de 30 à 40 mille hommes.

S. A. I. l’archiduc Charles , généralissime , commandait en chef les six premiers corps , formant la grande armée , et ayant pour commandans particuliers les généraux ci dessous et dans l’ordre suivant ; savoir :

1er  corps , M. le comte de Bellegarde.

2e   corps , M. le comte de Kollowrath.

3e   corps , M. le prince de Hobenzolern.

4e   corps , M. de Rosemberg.

5e   corps , l’archiduc Louis.

6e   corps , le général Hiller.

Le 7e corps , commandé par l’archiduc Ferdinand , a été envoyé en Pologne.

L’archiduc Jean commandait en chef

 

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les 8e et 9e corps en Italie , ayant pour commandans particuliers ; savoir :

Le 8e corps , le marquis de Chasteller.

Le 9e corps , le général Giulay.

Il y avait en outre deux réserves , l’une de 20 m. hom. , commandée par le prince Jean de Lichstenstein , l’autre de 10 mille , sous les ordres du général Kienmayer.

Total , 350 mille hommes.

                                                                                                                                         

R E L A T I O N

Authentique des Batailles d’E s l i n g.

L’armée française , commandée par Napoléon en personne , a été totalement battue le 21 et le 22, à Aspern et à Esling, par l’armée autrichienne commandée par l’archiduc Charles. Plusieurs jours avant ces deux sanglantes journées , l’armée française avait préludé à une très-grande attaque par des mouvemens et des démonstrations sur une ligne de six à huit lieues , tant vis – à – vis de Vienne qu’au – dessus et au-dessous de cette ville. L’archiduc qui , le 16 et le 17 avait amené et réuni les colonnes de son armée sur la ligne correspondante de la rive gauche , n’aspirait qu’à pouvoir seconder l’ardeur que montrait la troupe de se mesurer avec l’ennemi et de prendre sa revanche des combats du 19 Avril et trois jours suivans. L’occasion s’en présenta le 20 Mai ; Napoléon annonçant vouloir passer le Danube sur un pont qui s’appuyait sur la Lobau , île du Danube , de deux lieues de longueur sur trois quarts de lieue de largeur.

Cette île est au-dessous de Vienne , et distante de cette capitale d’une lieue et demie par la rive droite , et de trois lieues et par la rive gauche , attendu que le Danube fait un conde dont la rentrée et les angles servaient d’appui au développement de l’armée française.

L’archiduc ne chercha pas à empêcher le passage , et se décida à attaquer le lendemain. Les forces françaises qui avaient déjà débouché , et qui prirent part au combat du 21 , consistaient principalement en trois divisions , celles des généraux Legrand , Saint-Cyr et Molitor , et un gros corps de cavalerie.

On jugea d’abord , aux manœuvres de l’armée française , qu’elle voulait passer la ligne sur le bourg d’Aspern à sa gauche , et sur le village d’Esling , un peu plus en avant à sa droite. Les deux armées engagèrent le combat un peu avant quatre heures après-midi le 21 , et après la résistance la plus opiniâtre , l’armée française fut délogée et repoussée jusqu’au Danube , à l’exception de la lisière boisée du rivage , où elle continuait à se maintenir. Le feu avait duré sans interruption jusqu’à onze heures du soir , et la nuit empêcha d’éclairer et de nettoyer les bords du Danube. Le 22  , à quatre heures du matin , l’attaque recommença. Dans cet intervalle , Napoléon avait porté toute son armée , tant sur le Lobau qu’en avant du Danube , et elle reprit la même ligne que la veille. Ses forces étaient , ce jour-là , au delà de 80 mille hommes. Outre les corps de l’armée française , il avait attiré une partie des bavarois et les contingens de Bade et de Hesse Darmstadt , une partie des gardes et tout ce qu’il a de cuirassiers et de forte cavalerie était sur la place. Napoléon s’était transporté sur la rive gauche , et dirigeait tous les mouvemens de son armée. Celle-ci eut d’abord quelque avantage , et regagna le terrein qu’elle avait occupé la veille. Napoléon crut le moment décisif arrivé , et fit donner à sa cavalerie l’ordre de charger et de soutenir l’infanterie française , qui s’était renforcée dans Esling , et s’était logée de nouveau dans Aspern ;

 

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mais les charges réitérées de cavalerie ne purent enfoncer notre centre , où commandait le prince Lichtenstein , à quit on doit en grande partie la victoire. L’infanterie autrichienne qui , dans cette brillante journée , a fait de prodiges de valeur , se forma promptement en masses , et soutint tous les chocs de la cavalerie sans se laisser entamer. Le feu , parfaitement dirigé de notre artillerie , éclaircit bientôt les rangs de la cavalerie. Enfin notre réserve de grenadiers s’ébranla pour reprendre une dernière fois Aspern , qui , dans l’espace de vingt-quatre heures , a été pris et repris dix fois ; et pour emporter Esling , dont chaque maison dut , pour ainsi dire , être prise d’assaut. La plus forte résistance eut lieu dans un vaste bâtiment d’Esling , qui sert à emmagasiner le grain , et qui , par sa solidité , était à l’abri des boulets et du feu de l’artilerie. Tout ce qu’il y avait de français dans Aspern ou Esling , a péri ou dans las attaques ou par le feu , qui a consumé ces deux endroits.

Les rues , ainsi que la route qui communique de l’un à l’autre , étaient jonchées de cuirassiers, de leurs armures et de leurs chevaux. Notre infanteries s’étant enfin rendue maîtresse de ces deux postes , culbuta tout ce qui se présenta , et l’ennemi s’appercevant que ses communications vers le Danube étaient menacées , songea à sa retraite. A quatre heures de l’après-midi , il était repoussé sur tous les points , et au commencement de la soirée , il repassa dans la Lobau , laissant sur le champ de bataille un grand nombre de morts et de blessés , de canon et une infinite de cuirasses et de fusils. Dès la nuit du 22 , notre armée a campé sur le champ de bataille qui s’étend le long du Danube.

La plupart des prisonniers que nous avons faits sont de la cavalerie et de l’infanterie légère.

Le général de division Durosnel , premier écuyer et gouverneur des pages de la maison de Napoléon , faisant les fonctions d’un des aides-de-camp à la bataille , a été pris le 22 à cinq heures du matin , au moment où il avait porté à la cavalerie française l’ordre d’avancer ; il a été enveloppé par de dragons du régiment de Riesch.

Le général de brigade Foulers Royer , premier écuyer de la femme de Napoléon , a été blessé et pris le 12.

Le général wurtembergeois de Roder a été enlevé le 20 à Nursdorf par le 2e bataillon de la landwehr de Vienne. Ces trois généraux ont été conduits à Brunn.

Parmi les blessés qui sont restés en notre pouvoir , et ce sont en grande partie ceux de la seconde journée ; il y a un grand nombre d’officiers de cuirassiers , dont plusierurs de l’état-major. Ce sont le régimens de cette arme qui ont le plus souffert dans les journées du 21 et 22 ; et d’après le rapport des prisonniers , ces corps sont réduits au-dessous du tiers de leur nombre.

Toutes nos attaques ont été conduites et executées avec cette valeur brillante et cette intrépidité calme qui se joue des dangers et triomphe de tous les obstacles. Depuis le général jusqu’au soldat , tout le monde a fait au-delà de son devoir , et il y a eu autant de héros qu’il y a eu de combattans.

Notre perte est assez forte tant en morts qu’en blessés. Celle de l’ennemi , si on en juge d’après l’aspect du champ de bataille , doit être immense.

                        Extrait de l’Ambigu.

                                                                                                                                                           

A  V  I  S    D  I  V  E  R  S.

On vend à l’Imprimerie de Cantiques de l’Ame dévote ( de Marseille ) et de Noëls , anciens et nouveaux , ainsi que de Cantiques de Mission , nouvelles éditions.

                                                                                                                                                           

Au Cap , chez P. Roux , imprimeur de l’Etat.

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12 Octobre 180926 Octobre 1809

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